Bob, l’opérateur arrière du Cable Car de la ligne qui va de Powell à Hyde me serre la main à la montée de son véhicule et à haute voix il explique à qui veut l’entendre que nous sommes arrivés hier à San Francisco, que nous y restons une dizaine de jours et qu’il nous avait prédit qu’on se reverrait souvent.
Hier, en moins de six heures de vol dans un Boeing plein comme un oeuf, où l’eau minérale et les jus de tomates sont gratuits mais les snacks payants, nous avons atterris à San Francisco, trois heures après notre départ de New York, compte tenu de la différence du réseau horaire.
Le Airtrain, le BART et puis le Cable Car nous conduisent au pied de l’appartement que nos amis nous mettent à disposition pour notre séjour. Il est situé dans le haut du quartier de Russian Hill et il surplombe quelques centaines de mètres plus loin, en longueur et en hauteur, la baie du Aquatic Parc. Par les fenêtres de la cuisine et de la chambre à coucher on aperçoit le Golden Gate Bridge et par une fenêtre du séjour le Bay Bridge, on est gâté.
Le temps est au beau fixe, le soleil bas son plein, parfois un petit nuage et vers le milieu de la matinée le thermomètre marque 18°C, il est loin l’hiver d’outre Atlantique.
Nous longeons le port, parcourons l’Embarcadero jusqu’à la Market Street, prenons un café chez PEETS, réservons chez Hertz une voiture pour la semaine prochaine et ensuite nous prenons le California Cable Car jusque Polk, où nous avons projeté de manger du crabe chez Swan. En rue, devant la porte de l’établissement, une file d’attente de 16 personnes nous décourage.
Nous pique-niquons sur un banc au soleil, avec un falafel-wrap acheté de l’autre côté de California, chez Trader Joe, le supermarché préféré de M.
Plus tard nous lisons sur un forum que l’attente chez Swan varie selon les jours de 45 minutes à deux heures. Ce restaurant centenaire, ouvert en 1912, se limite à un couloir étroit, avec un comptoir central qui sépare les cuisiniers à gauche d’une vingtaine de tabourets à droite.
Les transports public sont excellents à San Francisco, les lignes du Cable Car sont plus qu’une attraction touristique, les rues en forte pentes qui sillonnent la ville font la joie de mon sang Suisse, comme le fait remarquer M., mais les antiques wagons tractés par un câble dans le sol qui grimpent les collines à une allure continue, dans le bruit mécanique des leviers actionnés par le conducteur, facilitent nos pérégrinations urbaines. Je fais remarquer à l’un d’eux que son métier est physique, sur quoi il relève la jambe de son pantalon pour me montrer un bandage qui cache une blessure qu’il a encourue dans l’exercice de sa profession. Il rajoute qu’il va tout les jours au ‘gym’ question de garder la forme.
San Francisco utilise sur cinq lignes, quelques dizaines d’anciens tramways, rachetés entre autre aux villes de Milan, Philadelphie et New York. Il y en a des gris, des verts, des oranges et des rouges, tous reconditionnés, propres et en bon état de marche. On fait un saut de cinquante ans en arrière, mais on se déplace avec le sourire.
Le beau ciel bleu – nous avions adoré San Francisco ! Nous y avons passé une semaine il y a fort longtemps et le Cable Car est toujours là, tout à fait à contre courant.