Le peuple des Pays-Bas offrit pour ses dix-huit ans, à la princesse Beatrix, la future Reine du pays, un Lemsteraak blanc, qu’elle baptisa de ‘Groene Draeck’, le Dragon Vert, en référence au ‘Vlieghende Groene Draeck’, le navire amiral de Piet Hein.
Le bateau est amarré à Muiden, au sud du ‘Ijselmeer’, en face du château fort qui anciennement protégeait l’entrée de la ville.
Hier matin, nous avons lâché les amarres du Tatra IV, le bateau de mon ami Pierre qui m’a demandé de l’aider à le ramener à Ostende, son port d’attache.
Il fait un froid de canard, nous avons eu le vent de face et des pluies régulières pendant toute la traversée de l’ancienne Zuiderzee, devenue le lac intérieur Ijselmeer, depuis que les Hollandais construisirent en 1932, la ‘afsluitdijk’, la digue de fermeture.
Pour nous protéger des intempéries, nous avons piloté notre bateau de l’intérieur, le chauffage est mis à fond, mais à notre grand regret, il ne donne que peu de calories, la soufflerie est faible.
Le capitaine de la KNZR du port de Muiden nous a placé en face du restaurant du club-house, le seul endroit où le raccordement électrique est branché en ce début de saison.
Le maître d’hôtel du resto nous accueille avec enthousiasme, nous sommes les seuls et les premiers clients de la saison, mais la cuisine est ouverte et le carpaccio de boeuf et les saté de poulet à la sauce aux cacahouètes, spécialité du pays, nous réchauffent le coeur et le corps.
Ce matin, je bavarde avec le havenmeester de service qui me signale qu’un des ‘monteurs’ chargé de l’entretien du Groene Draeck est aussi un spécialiste en chauffages marins. Il s’avère être ici et je part à sa recherche. L’homme est non seulement spécialisé en chauffages, mais il est aussi sympathique et il se propose de jeter un coup d’oeil dans le compartiment moteur du Tatra IV. C’est un technicien comme je les aime, en deux secondes il a décelé que deux conduits du chauffage étaient désolidarisé, il cherche la clé adéquate dans sa camionnette et cinq minutes plus tard, l’installation débite des calories à plein régime.
Pas question d’accepter la moindre rémunération, ni même un café, nous bavardons encore un bon moment et vers dix heures après avoir remercié chaleureusement notre sauveur, nous lâchons les amarres et poursuivons notre voyage vers le sud, toujours dans un froid de canard, mais cette fois-ci, bien au chaud dans le carré à la barre du Tatra IV, direction Ostende, avec une pensé émue pour la Reine des Pays-Bas.