Les sanitaires du port de Pont-à -Bac sont installés dans un cagibi en béton situé au milieu du terrain vague qui longe le canal. Il est recouvert d’un toit en tôle ondulé vert délavé et sur la porte on peut lire l’inscription ‘Reservé au Personnel’. Le local comporte un lavabo style industriel, un wc et une douche, tout fonctionne, l’eau chaude est chaude, les murs sont chaulés et le sol est propre. Au choix, je préfère ce genre d’aménagement aux ensembles préfabriqués en plastique léger que l’on rencontre parfois dans les capitaineries modernes.
Une douche matinale, un muesli et nous partons pour notre première journée sur le canal des Ardennes, direction Rethel.
Nous sommes avalants, les écluses sont rapides et à 13:00 nous avons rejoint le port de Rethel. L’endroit ne nous plaît pas, une fête foraine bat son plein et un grand panneau publicitaire annonce que le bal du samedi soir durera jusque trois heures du matin.
Une rapide concertation avec mon ami Léon suffit pour décider de poursuivre notre chemin et d’entamer l’escalier de 27 écluses successives qui vont amener le Chat Lune une centaine de mètres plus bas.
Elles sont automatiques, rapides et très rapprochées, notre éducation d’ingénieur nous mène à chronométrer notre progression, nous établissons qu’en moyenne il nous faut 6 min et 23 secondes pour parcourir la distance de la porte aval d’une écluse à la suivante, éclusage compris.
Le canal à été creusé et mis en service vers 1850. Les chalands tractés par des chevaux ou par les mariniers étaient beaucoup plus lents que le Chat Lune, les écluses étaient opérées manuellement, certains éclusiers avaient la charge de deux Å“uvres d’art et se déplaçaient à pied de l’une a l’autre, la bicyclette n’était pas encore d’usage à cette époque.
À 17:50 nous pénétrons dans le sas de la 33e écluse de la journée.
Ma main gauche actionne la tige de commande de l’opération d’éclusage mais par la même occasion, distrait ou fatigué, ma main droite actionne la tige rouge de l’alerte, le silence se fait, les feux passent au rouge et toute l’opération s’arrête.
Promptement, je saute à terre et par l’interphone j’entre en communication avec la centrale des VNF. La dame me promet d’envoyer un technicien sur place.
Deux minutes plus tard, ce dernier se pointe en souriant, il se trouvait par hasard et par chance à 20 mètres de nous, au pied de l’ancienne maison des éclusiers.
Il est 17:55, les écluses du canal des Ardennes tournent jusque 18:00 et leurs équipes également, le technicien remet le système en marche, le bassinage se poursuit et à 18:10 nous amarrons le bateau au quai du port d’Attigny.
Nous avons parcouru aujourd’hui 46 km et franchi 33 écluses et nous avons évité de justesse de passer la nuit dans le bassin de l’écluse d’Attigny.
Le guide fluvial mentionne l’existence d’une belle église baroque à Asfeld, … km et trois écluses en aval d’Attigny. Léon décide de m’accompagner jusque là , en fin d’après-midi, un taxi le conduira à Rethel où il prendra le TER pour Sedan. De là , un bus l’amènera à Mouzon où il a laissé sa voiture, le déplacement en province demande quelque réflexion.
En 1680, Jean-Jacques de Mesmes, comte d’Avaux, célèbre pour avoir participé activement à la signature du Traité de Nimègue, est le nouveau maître des lieux. Il décide de faire reconstruire l’église de Asfeld. L’homme est érudit, il a voyagé et en Italie il est tombé sous le charme de l’art baroque, ses coupoles, ses colonnades et ses dômes. Il confie la réalisation de l’oeuvre à une autre célébrité de l’époque, le Frère Dominicain François Romain. Ce dernier né à Gand sous le nom de François Roman, avait consolidé sa réputation de bâtisseur en réussissant à résoudre les problèmes techniques liés à la reconstruction du Pont Royal à Paris.
Le comte d’Avaux lui demande de s’inspirer des formes d’un instrument de musique, pour que les chants et les prières soient mieux portés vers le ciel.
Le frère architecte choisit la viole de gambe comme plan de l’édifice. L’église est construite en brique, le lieu du culte est une rotonde qui s’inscrit dans un pentagone et le péristyle est couvert et entouré de colonnades.
Une fois amarrés, fiers d’être Gantois, nous allons admirer une des plus originale mais charmante église que nous ayons eu l’occasion de découvrir, jugez-en par les photos ci-jointes.
Chouette reportage, cela donne envie. De plus que le temps était vraiment au beau fixe ce WE.
Bien des salutations aux 2 ingénieurs et leur compagne si ces dernières les accompagnent. Pierre Liebaert __________________________ « Wolsemveld » Wolsemstraat 21 BE-1700 Dilbeek Tel : +32 477 30 53 24 Mail : pierre@liebaert.net
Verloren ist nur, wer sich selbst aufgibt !