L’Hôtel Dieu de Louhans

La construction du premier bâtiment de l’Hôtel Dieu de Louhans commença en 1682, les deux ailes supplémentaires furent achevées en 1767. Quelques années avant la révolution, dans un trait d’anticipation géniale, la mère supérieure du couvent de l’Ordre de Saint-Marthe, pris l’habitude de soumettre systématiquement les registres d’occupation de son institution au centre laïque de la ville, à la grande surprise de ceux-ci.

Ainsi, lorsque la grande crise arriva, les révolutionnaires, en général les moins nantis et aussi ceux que l’Hotel Dieu avait comme clients, informés de ses activités, respectèrent les lieux et l’hôpital continua à fonctionner comme par le passé, sauf que par prudence, les religieuses se rebaptisèrent ‘dames des pauvres’ et qu’elles remplacèrent leurs coiffes traditionnelles par des bonnets plus conformes à la mode du jour.

Plus près de nous, pour éviter que l’occupant de la deuxième guerre mondiale ne vandalise la pharmacie et l’apothicairie, la mère supérieure verrouilla l’endroit et indiqua par un panneau qu’il contenait des malades contagieux et qu’il était fermé pour risque d’épidémie. Ce stratagème fit reculer l’allemand.

Voilà deux anecdotes que nous raconte la jeune femme érudite qui nous montre les lieux. Nous avons poussé la porte de l’accueil à 10:30 ce matin et nous sommes seuls à participer à la visite guidée.

Le parcours commence par la pharmacie, endroit ouvert aux personnes extérieur à l’hôpital, qui se faisaient soigner à la maison et qui envoyaient leurs domestiques acheter les médicaments prescrits par leurs médecins personnels. Les plus fortunés exigeaient que les pilules soient enrobées de poudre d’or, ce qui leur enlève toute action thérapeutique car l’or ne se dissout pas dans les intestins et la boulette dorée sort comme elle était entrée, intacte. La légende veut que Diane de Poitiers mourut par excès d’or et absence d’action curative.
Ce serait l’origine de l’expression ‘Se faire dorer la pilule’.

La deuxième pièce, l’apothicairie est la réserve des substances médicales.
Les herbes et les produits actifs sont conserves dans des faïences polychromes hispano-mauresques, car se sont les arabes qui les fournissaient, et dans des poudriers en verre soufflé, rares et donc de grande valeur.
Une pietà Bourguignonne veille sur l’ensemble. La statuette, enterrée pour éviter d’être détruite à la révolution, fut oubliée et c’est le hasard d’un jardinier bêchant qui lui fit revoir le jour, une centaine d’années plus tard.

Les lits de la salle des hommes sont en bois, chez les femmes, en fonte. Une invasion de punaises particulièrement agressives contraignit les religieuses à faire brûler les lits en bois et à les remplacer par du métal.

Nous visitons ensuite la salle à manger, la cuisine, et les couloirs qui y mènent.
Une grande horloge de gare surmontée de trois cloches sonnait non seulement les heures, quart et demi, mais aussi les cinq minutes avant chaque sonnerie classique, ce qui a chaque heure faisait 8 carillons, les religieuses arrêteraient l’horloge la nuit.

Avant de nous lâcher, la guide nous soumet une devinette, sachant qu’elles étaient douze et jamais une de plus, combien de religieuses ont travaillé dans l’Hotel Dieu pendant les trois cents années de son fonctionnement? À raison d’une génération tous les 25 ans, trois siècles cela doit faire dans les 140 en arrondissant vers le bas, dis-je.
« Elles entraient jeunes, parfois à 12 ans et elles vivaient vielles, le compte est 68 » me rétorque notre cicérone en souriant.
Elle rajoute que les élues envoyées par leurs famille, généralement fortunées mais dont la présence d’une fille à marier était une lourde charge, s’épanouissaient au sein d’une communauté riche en contacts et en enseignement permanent. Qu’en plus de cela elle gagnaient un statut enviable et ne percevaient donc pas leur nouvel état comme une punition ou une servitude, bien au contraire.

Demain, c’est jour de marché à Louhans, les bateaux de plaisance sont arrivés en masse au port, la chose se sait.

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