Le toueur du souterrain de Riqueval nous attend ce matin à 09:30. Nous sommes amarrés derrière l’Atout, un Freysinet qui transporte du sable. Le canal de Saint-Quentin et le tunnel datent de Napoléon I, il fut ouvert au traffic le 28 avril 1810.
Au départ les bateaux furent tractés par des équipes de haleurs. Ensuite un remorqueur à manège de chevaux prit la relève et en 1874 un toueur à vapeur fut installé. Le tunnel n’est pas ventilé et de nombreux bateliers furent intoxiqués par la fumée. En 1906 un toueur électrique résolut le problème.
Le toueur est un bateau qui se meut en se tirant à une chaîne posée dans le lit du canal. Un moteur électrique actionne une roue crantée qui déroule la chaîne. Il est alimenté par un trolley similaire à ceux utilisés en ville pour les trolleybus.
Les bateaux s’amarrent au toueur, les uns aux autres, dans l’ordre proportionnel à leur taille, les grands devant et les petits derrière. La traversée dure deux heures, le tunnel est long de 5,670 km.
En vue de m’accrocher à l’Atout, je met le moteur en route à 09:00. Très vite je constate que la pompe à eau de refroidissement n’aspire rien et que le moteur chauffe.
Une première vérification m’indique que le tuyau d’aspiration est libre et que la panne est due à une défaillance de l’impulseur, c’est le nom donné à la turbine de la pompe à eau.
Voir les photos ci-jointes: à gauche une turbine neuve, à droite la turbine défaillante.
La première idée est de passer le tunnel attaché à l’Atout et de faire la réparation ultérieurement. Mauvaise idée. Au démarrage notre bateau file d’une berge à l’autre de manière incontrôlée. Je demande au skipper de l’Atout de lâcher les amarres et je range le Chat Lune le long de la berge et j’enfile un bleu de travail.
En dix minutes je réussis à enlever le couvercle de la pompe, à sortir l’impulsuer cassé et à le remplacer par un neuf que j’ai en réserve.
J’éprouve ensuite quelques difficultés à refixer couvercle car les petites vis ne s’accrochent pas facilement. L’opération dure en tout une heure et demie, la pompe aspire de nouveau l’eau de refroidissement et nous sommes prêts à passer le souterrain à 17:00 heures, au deuxième passage de la journée.
Comme ce matin, un commerce nous précède. Sans trop de mal je persuade le technicien du toueur de nous laisser traverser le tunnel par nos propres moyens, c’est à dire au moteur au lieu d’être accroché à la péniche qui nous précède. L’inconvénient d’être tiré est que l’on contrôle mal ou pas du tout la trajectoire du bateau avec le risque de cogner les parois du tunnel.
À 19:00 nous sortons du trou et 10 km plus loin, nous passons la nuit amarré à l’amont de l’écluse de Lesdins.
Lorsque l’on choisit de vivre sur un bateau, on a intérêt à avoir une bonne connaissance technique multidisciplinaire et être doué de ses dix doigts.
Notre voyage vers Paris se poursuit par un froid de canard, le matin le pont du bateau est gelé et l’éponge mouillée que j’ai laissé sur la toit du carré est transformée en brique.
Jeudi nous passons la nuit au port de plaisance de l’Isle-Adam.
Le lendemain vers midi, nous amarrons le bateau au port de plaisance de Conflans-Sainte-Honorine, sur la Seine, au bas du château. À 14:00 le musée de la batellerie, entièrement renouvelé et réouvert en juin 2015, nous attend pour une visite.
Réouvert le 20 juin 2015 après rénovation, le texte de la brochure se lit:
Le Musée d’intérêt National de la Batellerie présente la collection la plus riche en France sur la navigation fluviale : plus de 200 maquettes, des centaines d’objets, tableaux et gravures pour comprendre l’évolution et la diversité de la batellerie en France.
Le Musée a été entièrement rénové et présente actuellement des témoignages vidéos, un parcours tactile, une salle vidéo et une nouvelle muséographie de ses collections. C’est également le centre de recherche français et européen en la matière. Situé dans le chateau du Prieuré, le Musée expose sur deux niveaux et s’ouvre sur le magnifique parc du Prieuré.
Voir également:
Cliquer pour accéder à 070515Communiquedepresse_Museedelabatellerieetdesvoiesnavigables.pdf
Samedi, le 30 juin, nous quittons Conflans à 08:30 et à 17:00, le Chat Lune est amarré à l’emplacement # 87 au port de l’Arsenal à Paris.