Tout à coup, le son strident d’une sirène retentit dans le hall central, sous la pyramide de Pei.
Nous faisons la file devant l’escalier mécanique de la section Sully, pour aller admirer les pastels du Louvre.
Une voix féminine débite le message suivant: »Pour votre sécurité, veuillez quitter les lieux par la porte de sortie la plus proche. Si vous avez des bagages en consigne, vous pourrez les récupérer lorsque la situation sera normalisée ». Le message est répété en anglais et en espagnol. Les visiteurs ne s’en émeuvent pas, ils continuent à bavarder et à consulter l’écran de leur smartphone en sirotant une bouteille d’eau. Marleen s’adresse à trois guides temporaires en uniforme bleu pâle. « On ne sait rien, on n’a pas de walkies, » fait l’une d’elle, sans s’émouvoir outre mesure, « demandez au gardien » et elle pointe du doigt un guide en uniforme noir, képi vissé sur le crâne. Entre-temps, la sirène continue à retentir à intervalles réguliers, et le message est répété, en trois langues.
Le gardien en képi secoue son walkie et dit à Marleen, en haussant les épaules, je ne sais rien, je n’ai pas reçu d’instructions.
Personne ne fait mine de se précipiter vers les sorties, les bavardages, le pianotage des smartphones et les autres activités d’attente continuent en ignorance complète du message d’alerte qui continue à être débité, sirène à l’appui. Nous décidons d’ignorer les instructions et nous patientons dans la file d’attente.
Soudainement, la sirène s’arrête et le message change. « Nous avons un problème technique avec les portes de sécurité, pour accéder à Sully, veuillez entrer par Richelieu et faire le tour par le deuxième étage. » En trois langues. La file de Sully se dissous et nous pénétrons dans la section payante par l’entrée Richelieu. Les haut-parleurs se sont tus.
Il est 10:00 ce jeudi matin, le19 juillet 2018. Dans l’exposition des pastels du Louvre, il y a les gardiens de salle et nous.
Dans les autres départements et dans les couloirs et les escaliers du musée, la foule se presse comme en Gare du Nord pendant une grève. Tous veulent une photo de la Joconde, de la Victoire de Samothrace et du radeau de la Méduse.
Plus tard, la tête remplie de la beauté des portraits, dans une autre section du musée, à la recherche de ses aquarelles, nous traversons l’exposition consacrée à Eugène Delacroix. On aime aussi beaucoup ses carnets de voyage.
Mardi, muni d’un billet prépayé et coupe-file, il nous faut 25 minutes pour de franchir le contrôle de sécurité du musée d’Orsay. L’exposition qui nous intéresse est intitulée « En couleurs, la sculpture polychrome en France 1850-1910. Les sculptures n’ont pas toujours été blanches comme nous les connaissons. Déjà les Grecs et les Romains peignaient leurs œuvres dans des couleurs dignes de Disney World. Usés par le temps, les pigments disparurent et on ne conçoit plus les Apollons et autres Venus que blanches comme marbre. Sous le second empire, l’usage de la couleur s’affirme à nouveau. Pour plus de détails lire http://www.musee-orsay.fr/fr/evenements/expositions/aux-musees/presentation-generale/article/en-couleurs-47134.html?cHash=9af96fcd75
À chaque visite du musée d’Orsay, je m’imagine ce bâtiment en gare ferroviaire. Dans ma tête, je visualise les locomotives fumantes, tractant des wagons ouverts entre les allées en marbre. Les messieurs en gibus et les dames en crinolines avec à leur côté une montagne de bagages et des porteurs en uniforme.
Les Japonais ont le respect des anciens. À la Maison de la Culture du Japon, l’entrée est libre pour les personnes âgées de plus de 60 ans. À Paris et en France en général ce sont les jeunes qui bénéficient d’un tarif préférentiel, nous on paye le prix plein. Intéressante différence culturelle.
Nous parcourons les salles où sont exposés des calligraphies de Yu-Ichi Inoue.
À l’entrée du musée, pour une caméra, un artiste fait une démonstration de l’art. Il distribue sa production, nous en recevons une fraîche, elle représente la « sérénité ». Pendant une heure, je me promène avec la feuille au vent, le temps que l’encre sèche. Barbares que nous sommes, nous préférons notre cadeau aux tableaux du maître Inoue.
La galerie la Maison Rouge est située au 10 boulevard de la Bastille en face de la capitainerie. Le propriétaire, Antoine de Gilbert, a décidé qu’après 15 ans et 131 expositions, celle-ci serait la dernière. Elle s’intitule « L’envol ou le rêve de voler », le titre est approprié.
On peut y voir en vrac, des œuvres d’art moderne, contemporain, brut et ethnographique.
La galerie ouvrit ses portes au public en juin 2004. Le Chat Lune frappa ses amarres à l’Arsenal pour la première fois en juin 2005. Nous ne quittons pas encore Paris et nous comptons y revenir.
Ce dimanche matin, le 22 juillet 2018, avec Geneviève, nous nous sommes rendus au 74 avenue Denfert-Rochereau, à une brocante organisée par les Grands Voisins.
Je raconterai cela dans mon prochain billet.