La boulangère de la place de l’église tranche le pain avec un coupe-jambon électrique, tartine par tartine.
Aujourd’hui dimanche, c’est le jour des petits pains et des croissants pour le petit déjeuner.
Le soleil continue à nous baigner et nous avons décidé de rester un jour de plus à Havelberg.
Nous avons quitté Brandeburg jeudi matin pour une navigation enchanteresse à travers la réserve naturelle qui s’étend à l’est du Havel entre Brandenburg et Havelberg.
Quel plaisir de naviguer des heures entières sans voir une maison ni rencontrer un autre bateau. La rivière serpente entre prairies et marais, nous observons des oies, des canards, des cigognes et ci et là, des abris en bois construits par des castors.
Nous faisons halte à Rathenau et nous payons la nuitée à une des trois dames du syndicat d’initiative qui nous font remarquer qu’il n’y a pas grand chose à faire ici.
L’attraction principale de l’endroit est l’écluse de la vieille ville qui, comme me le fait remarquer l’éclusier, opère de neuf heures du matin à la sonnée des cloches de six heures. Pour me le prouver, il refuse péremptoirement la bassinée à un voilier montant. Quand les cloches sonnent, je termine me dit-il, et le voilier pas content, passera la nuit à l’aval des portes.
Le lendemain nous poursuivons toujours à travers la ‘Biosphärenreservat Mittelelbe’ notre descente du fleuve vers Havelberg. Les écluses sont opérées à distance par caméras et la troisième de la matinée est particulièrement lente. Après l’ouverture des portes montantes, l’opérateur ne réussit pas à mettre les feux au vert et un yacht de location n’ose pas sortir du bassin. À la VHF je signale le défaut à l’éclusier qui me donne l’autorisation de pénétrer dans l’écluse ce qui ma vaut les cris affolés des occupants du yacht. Je leur explique la chose et ils sortent du bassin lentement et inquiets.
Havelberg possède un port de plaisance bien équipé, nous sommes accueillis par la responsable et sa ‘dame de compagnie’ qui nous attribuent un emplacement et nous enregistrent pour la modique somme de 13€ la nuit, eau, électricité et douches comprises.
L’origine de la ville remonte à un millier d’année, elle a été bâtie sur un îlot que trois ponts relient à la terre ferme.
À l’est, en hauteur, un majestueux DOM surplombe la vallée. C’est une Basilique romane en brique rouge construite au 12e siècle. Détruite par un incendie, elle fut ensuite reconvertie en Cathédrale gothique. Aujourd’hui on célèbre les cultes évangéliques dans la grande nef et les cultes catholiques dans la chapelle St-Norbert adjacente.
Vendredi et samedi, avec la discipline qui nous caractérise en la matière, nous passons en revue les 18 endroits à voir, comme ils sont décrits dans la brochure que nous avons reçu au centre d’information.
Le musée situé dans le DOM est un petit bijou, on y retrace l’histoire de la ville et de ses bâtiments à l’aide de plans, maquettes et objets divers.
Avant la deuxième guerre mondiale la ville était populaire comme centre de loisir. Elle est située à mi-chemin entre Berlin et Hambourg et à l’époque 24 ferries faisaient la navette entre ces villes.
Cinquante-cinq ans de DDR ont mis une fin à cette renommée, les ferries ont disparus et le chemin de fer a été démantelé.
La seule activité célèbre restante est l’annuel marché aux chevaux. L’évènement dure 4 jours et il a lieu le premier weekend de septembre. Il avait gardé toute sa gloire même pendant la période communiste car à part le millier de chevaux qui changent de propriétaire, c’est aussi un marché aux puces et ce qu’on ne trouvait pas dans les magasins se trouvait peut-être ici.
Aujourd’hui le Chat Lune brille, nous l’avons nettoyé à l’intérieur et à l’extérieur, il est prêt à affronter le cours de l’Elbe.