Frauke, la dame du syndicat d’initiative, nous a suggéré de demander la clé de la tour de l’hôtel de ville de Wittenberge. Pour 2€ par personne, une employée municipale nous la confie ce qui nous permet d’admirer la ville par cette claire journée ensoleillée.
Hier matin nous avons quitté le port et franchi l’écluse de Havelberg pour passer des eaux calmes du Havel à la bouillonnante Elbe.
C’est un enchantement que de descendre le deuxième plus grand fleuve d’Allemagne. La navigation demande toute notre attention car le courant est fort et les bancs de sables nombreux. À 1800 t/m le Chat Lune file à 9 km/h sur l’eau mais le GPS indique une vitesse réelle au sol de 14 à 15 km/h ce qui nous fait selon les endroits, un courant de 5 à 6 km/h.
Le balisage est bien fait, le truc est de suivre le lit du fleuve et de louvoyer d’une rive à l’autre en suivant les méandres. Le tracé est indiqué par des croix jaunes posées sur des poteaux, des ‘grecques’ sur la rive droite et des ‘Saint-André’ sur la rive gauche. Le tout est bien entendu agrémenté par les traditionnelles bouées rouges et vertes du balisage international.
Le pays est large et plat, peu d’arbres mais des marais et des prairies. L’Elbe forme la frontière entre Le Brandenburg en rive droite et le Saxen-Anhalt en rive gauche.
Nous sommes seuls sur l’eau à part une barge de travail qui consolide les épis en pierre et une vedette de la police fluviale montante qui nous dit gentiment bonjour.
Nous observons ici et là des oies et des oisillons sur les berges, un vol de grues et des aigles pêcheurs voltigent lentement dans le ciel. Je réussis à en photographier quelque uns posés au sol.
Vers midi en demi nous frappons les amarres dans le port de plaisance de Wittenberge, à pas confondre avec Wittenberg, la patrie de Luther, ville située à 250 km plus au sud.
La ville renaît lentement de la crise qui l’a frappée après la fin de la DDR. Du jour au lendemain, les industries locales, dont la célèbre usine de machines à coudre Veritas (anciennement Singer) ont fermé leurs portes et plus de 6000 emplois ont été perdus.
La population a décliné d’un tiers, les jeunes sont partis chercher du travail ailleurs mais depuis quelques années le tourisme lui a rendu une vitalité que l’on reconnaît à la rénovation des maisons de maître, des bâtiments publics et des anciennes industries reconverties en hôtels et centres culturels.
En ville nous aimons le « Gymnasium », la première école qui admettait les filles et les garçons, encore que les entrées étaient bien entendu séparées.
En bordure d’Elbe, les imposants bâtiments en brique rouge de ancienne usine d’huile de colza a été classée. La cour intérieure est dotée d’un chapiteau qui abrite des spectacles de musique, de danse et de théâtre.
L’usine fut crée en 1823 par un Salomon Herzsch, un homme d’affaire Berlinois. Au fil des années’, des guerres et des et des crise économiques elle changea quelque fois de propriétaire mais elle fonctionna jusqu’en 1991.
Nous finissons la journée par la visite du musée de la ville « Alte Burg ». La responsable de l’endroit regrette amèrement la disparition DDR dont elle est originaire. Pendant plus d’une heure elle nous guide et elle nous commente son petit musée tout en exprimant sa mélancolie du régime déchut.
Nous apprenons l’histoire des industries de la ville, de l’usine d’huile et de l’usine de machine à coudre et de leur fin brutale après la chute du mur.
Originaire de l’est du pays, pas loin de la frontière polonaise, et sans famille à l’ouest elle était ignorante de ce qui se passait de ‘l’autre côté’.
‘Nous avions les mêmes choses qu’eux, mais cinq ans plus tard, les mini-jupes et les souliers à plateaux. Tout le monde avait du travail, les soins de santé et les écoles étaient excellents et gratuits.’
‘Et que va-t-il se passer maintenant que les Polonais et les Bulgares ont l’accès libre à nos emplois’. ‘Je suis contente d’être employée de la ville’, termine-t-elle son exposé.
Heureux par ce que nous avons vu et instruits par les enseignements de notre guide, nous rentrons au port et nous finissons la journée sur l’arrière pont du Chat Lune.