Le 1 mai 1960, l’avion espion américain U2 fut descendu par les soviétiques. Le pilote Francis Gary Powers fut capturé et condamné à dix années de prison pour espionnage.
Le 1957, Rudolf Ivanovitch Abel est arrêté par le FBI et condamné à trente années d’emprisonnement pour espionnage.
Pour la petite histoire, Abel est en réalité le lieutenant-colonel William Fisher qui pour les besoins de la cause utilise le nom de son ancien ami et collègue, décédé à Moscou en 1955.
Le 10 février 1962, sous Kennedy et Chruschtschow, Powers et Abel furent échangés et ils se croisèrent en s’observant avec curiosité au passage de la ligne blanche qui marquait le frontière entre les deux Allemagnes au milieu du Glienicker Brücke.
Depuis lors et une quarantaine d’échanges d’espions plus tard, le pont porte le nom de ‘Brücke der Spione’.
Au pied du pont se trouve une imposante villa peinte en crépi jaune clair entourée d’un beau jardin à l’anglaise. Elle abrite un musée qui retrace l’histoire du pont et à l’étage une rétrospective temporaire des premières oeuvres d’Andy Warhol. Une cafétéria sert des repas simples sous le feuillage des chênes et des hêtres centenaires.
Le Glienicker Brücke actuel est le quatrième pont successif sur le Havel qui relie Potsdam à Berlin.
Le premier fut construit en bois à la fin du 17e siècle. La sympathie que les princes, les rois et les empereurs Prusse témoignèrent à Potsdam ainsi que l’intensification du trafic commercial fluvial, vit la construction d’un deuxième et plus grand pont en bois au 18e siècle, suivi d’un pont en pierre au 19e et finalement le pont actuel fut construit en 1907.
En 1945, la Wehrmacht et l’armée soviétique avaient miné l’ouvrage mais aucun des antagonistes ne souhaitaient le voir détruit.
Le dernier jours des hostilités, un char soviétique tira une salve qui fit exploser une des mines et un des tabliers s’effondra. Compte tenu de l’importance stratégique du passage, un pont provisoire en bois fut construit en parallèle et en 1947, le pont original fut remis en état.
Au premières années de la DDR, le passage du pont qui formait la nouvelle frontière était autorisé mais le 3 juillet 1953, huit ans avant l’érection du mur à Berlin, le 13 août 1961, la traversée du pont fut interdit à toute personne non autorisée, c’est à dire pratiquement à tous les citoyens, ceux de l’est comme ceux de l’ouest.
L’ironie du Glienicke Brücke est que pour le traverser et aller de la DDR à Berlin ouest, il faut aller géographiquement de l’ouest vers l’est.
Le musée de la villa Schōningen documente tout cela et beaucoup plus avec précision et à l’appui de textes et de photos.
Je n’aime pas trop les musées qui utilisent à outrance des dispositifs audio-visuels interactifs. Schöningen a réussi à me charmer par l’usage d’écrans Apple de 27 » agrémentés ou pas d’écouteurs légers et discrets.
Ne croyez pas que je dise cela parce que je suis un adepte des produits de Steve Jobs, c’est simplement beau, discret, efficace et élégant et instructif.
Pour les perspicaces, le 13 août prochain il y aura 50 ans que le mur de Berlin fut construit. Cet évènement sera abondamment fêté, l’équipage du Chat Lune a l’intention d’y participer.