Herford choisit Jan Hoet comme ‘Gründungsdirektor’ et Frank Ghery comme architecte pour créer MARTa, un musée qui recherche la synergie entre l’art, le design et l’architecture.
Malgré notre intérêt pour l’art moderne et pour l’art contemporain et nonobstant le fait que Jan est un vieil ami ainsi que le cousin germain par alliance de M., nous n’avions jamais pris le temps de nous arrêter à Herford. Cette année-ci j’avais réservé une chambre dans l’hôtel Hansa plusieurs mois à l’avance et en chemin vers le Chat Lune nous y fîmes halte.
Herford est une de ces petites villes allemandes, propre et prospère, tranquille mais non sans histoire.
Lors de notre promenade vespérale, nous sommes tombés nez-à-nez avec une imposante statue équestre de Wittekind, duc de Saxe, célèbre pour avoir résisté à la christianisation de son peuple et comme tel, adversaire farouche de Charlemagne.
Plus proche de nous, la ville se souvient de l’indifférence de ses citoyens face aux déportations des juifs par les nazis comme en témoigne une notice commémorative intitulée: ‘Tous purent le voir, un grand nombre tournèrent la tête’. Voir ci-dessous.
Dans les rues commerçantes, des plaques en cuivre soulignent qu’ici un magasin fut ‘Arien-nisé’, là un cinéma juif ‘Censuré’ et plus loin en 1939, une famille a fermé l’affaire et a quitté le pays.
Nous retrouvons aussi de nombreuses ‘Stolpersteine’, ces petites tablettes où figure un nom, une date de naissance, la date de la déportation de la personne et enfin, la date et le lieu de son assassinat. Arrêtez-vous un instant à la vue des photos ci-jointes.
Pour connaître l’origine des Stolpersteine, cliquez sur le lien suivant:
http://www.stolpersteine.com/start.html
Pour MARTa, Ghery a posé sa griffe de briques rouge et de tôles en inox, les volumes intérieurs sont grand mais le tout fait désordre. Les plafonds sont inclinés dans tous les sens, les murs ondulent et nous regrettons le manque de sérénité que nous aimons dans les musées.
Nous sommes venus attirés par l’exposition dédiée à Buckminster Fuller. C’est notre jeunesse de soixante-huitards, les géo-dômes, la Dymaxion Car #4 et l’exposition universelle de Montréal en 1967.
C’est aussi le ‘Whole Earth Catalogue’ et ‘Shelter’, livres mythiques des rêveurs aux cheveux longs que nous admirions tant.
Idéaliste et écologiste avant que le mot ne fut inventé, ‘Bucky’ Fuller ne fut jamais pris très au sérieux par ses contemporains, architectes, ingénieurs, académiciens et politiciens.
N’empêche qu’il eu une volée de disciples et d’admirateurs dont quelques oeuvres sont exposées ici.
La rétrospective a été composée par Norman Foster, l’architecte du Reichstag. Ce dernier a bien connu Fuller pour avoir collaboré avec lui pendant une douzaine d’années.