‘Wilhelm war Stinkesauer’ commente un passant devant la plaque commémorative scellée dans le mur au pied de l’imposant monument de la Porta Westfalica. Nous dirions, Guillaume Premier ‘râlait des barres’, car il était Roi de Prusse et Empereur ‘en’ Allemagne mais non Empereur ‘de’ l’Allemagne, grosse nuance.
Sachant que la majorité des visiteurs ignorent la différence, Guillaume a fait mettre sur la plaque ‘Deutscher Kaiser’.
Sur le chemin de Potsdam nous quittons l’A2 pour gravir la colline au sommet de laquelle Guillaume I semble d’un geste large, saluer ses troupes en route pour Sedan.
Le monument est visible de loin et un arrêt figurait depuis plusieurs décades sur notre liste des choses à faire. Nous lisons que le pays comptait répartis en Prusse, 200 mémoriaux dédiés à l’empereur, il en reste un dizaine.
Notre première halte de la matinée après avoir quitté Herford est la ville balnéaire de Bad-Salzuflen. Le lieu est connue pour ses bains et ses trois sources, dont une saline. Nous voulions voir les ‘Gradierwerke’ inventés en 1767 par le Baron van Beust pour augmenter la teneur en sel de l’eau évaporée et ainsi quadrupler la productivité de la récolte des installations.
L’extraction de sel pris fin en 1954 et aujourd’hui les ‘Gradierwerke’ ont été reconvertis en machines à fabriquer de l’air salin, dont l’effet curatif des maladies respiratoires est connu. De l’eau saline s’écoule lentement sur trois constructions en bois d’une dizaine de mètres de haut et d’une longueur totale de 400 mètres, l’air ambiant qui s’en dégage, doit imiter le climat du bord de mer.
Nous respirons quelques fois profondément et nous reprenons l’A2 jusque Marienborn, l’ancien poste frontière entre la DDR et l’Ouest. Comme je l’ai signale plus haut, en chemin nous saluons Guillaume I.
Jusqu’en 1989, l’accès terrestre le plus important vers Berlin Ouest était l’autoroute A2, un cordon ombilical en béton armé, qui traversait le territoire de la DDR sur 200 km.
La porte d’entrée était située à Marienborn près de Helmstedt. Le gouvernement parano du pays communiste y avait installé une zone de contrôle dont le but était d’empêcher ses citoyens de fuir le régime et par la même occasion d’emmerder pendant des heures, par des vérifications nombreuses, doubles et triples, les courageux visiteurs de l’ancienne capitale de Prusse.
Après la chute du mur, il fut décidé de ne pas démonter l’ensemble mais de maintenir les parkings, les baraquements, les aires de contrôle, les barrières et les blocs de logements des inspecteurs, une ‘Gedänkstätte’.
Le tout est agrémenté de panneaux explicatifs multilingues, de photos et de témoignages de ceux qui y sont passé et de ceux qui y ont travaillé, pendant les 28 années de l’existence de la frontière murée.
Un des pavillon comporte un fosse de visite avec l’outillage mis à gracieusement à la disposition de l’automobiliste qui avait eu la malchance de voir son véhicule démembré à la recherche d’un éventuel passager clandestin. La mission des inspecteurs était la quête, pas la reconstruction de l’objet mutilé.
Tous les inspecteurs étaient des membres du MfS, le ministère de la sécurité, aussi appelé Stasi, le service secret de la DDR. Ils avaient été spécialement sélectionnés et formés à la « psychologie opérative », de manière à leur permettre de déceler les citoyens suspects.
Quel bonheur que de pouvoir à l’aise, dans la station essence adjacente, boire un café et poursuivre notre route sans encombre.