De nos jours, les centrales chaleur-force sont d’actualité. J’aurais aimé en installer une lorsque nous avons reconstruit notre maison il y a trois ans, mais le marché n’offrait que des unités destinées aux industries. Le principe est vieux de plus d’un siècle, cela consiste à récupérer et utiliser pour le chauffage des immeubles, la chaleur produite pour fabriquer de l’électricité.
La centrale énergétique des Heilstätten à Beelitz était conçue et fonctionnait selon ce principe en 1896.
Nous avions visité les terrains et les bâtiments de ce complexe hospitalier en mai 2011, voir pour cela mon blog du 3 mai 2011, intitulé ‘Adolf Hitler, Erich Honecker et Whitney Houston.
Aujourd’hui, à l’occasion de la journée porte ouverte des monuments, les lieux sont ouverts au public.
À la fin du 19e siècle, un citoyen Prusse sur trois mourrait de tuberculose et un accident de travail mortel sur deux était lié à la même maladie.
La LVA, Landesversicherungsanstalt Berlin, une grosse société d’assurance de soins de santé décida d’investir massivement pour améliorer la situation.
En 1894 le projet des 600 lits des Heilstätten fut lancé et en 1902 les premiers malades purent être soignés.
Deux ensembles identiques séparés pour les hommes et pour les femmes furent construits de chaque côté de la route de Potsdam à Beelitz. Le chemin de fer coupa en deux le terrain, au nord on construisit les cliniques pulmonaires et au sud les sanatoriums.
Le tout fut implanté sur 200 hectares, dans les bois touffus de la ville de Beelitz.
L’idée était de donner à l’ensemble une grande autarcie tout en séparant rigoureusement les sexes.
Les annexes techniques au caractère féminin, tel que les deux cuisines et la blanchisserie furent implantées à l’ouest et les ateliers mécaniques et la centrale énergétique à l’est, chez les hommes.
Le complexe comprenait également des villas pour les médecins, des maisons pour le personnel, une poste, un jardin potager, une boulangerie et une boucherie-charcuterie.
Pendant la première guerre mondiale, les militaires prirent possession des lieux pour en faire un hôpital militaire. La même chose se produisit entre 1940 et 1945, après quoi l’armée soviétique pris la relève et les Beelitz Heilstätten devinrent le centre hospitalier central de l’armée d’occupation Russe en dehors de la Russie. Lorsqu’un soldat se cassait la jambe à Prague, il était soigné à Beelitz.
En 1994 les garnisons Russes quittèrent l’Allemagne et le complexe hospitalier fut laissé à l’abandon, c’est encore le cas aujourd’hui à l’exception d’une seule aile médicale qui fut rénovée et qui est occupée par un centre de traitement neurologique et quelques maisons qui furent sanies et vendues à des particuliers.
Le reste de ce gigantesque complexe sombre dans la désolation. Les bâtiments à l’abandon de style ‘Backsteingotik’ ont une beauté triste dans végétation luxuriante, mais nous, les autres visiteurs et la ‘Förderverein Beelitz Heilstätten’ aimerions voir se pointer beaucoup d’Euros pour que ce remarquable ensemble architectural soit sauvé d’une ruine certaine. Nous mettons notre obole dans la caisse de l’association.
Nous sommes venus pour la technique et pour voir les machines de la ‘Kraft-Wärme-Kopplung’, la centrale ‘Chaleur-Force’. Un guide enthousiaste, érudit mais un peu triste explique qu’il a fait partie en 1995 des techniciens de l’entreprise Roland Ernst qui avait acheté l’ensemble dans le but le restaurer et d’y installer des activités nouvelles.
Quelques projets réussirent, voir plus haut, mais l’entreprise fit faillite avec les conséquences que je viens de décrire.
En 1902, quatre chaudières au charbon faisaient tourner trois alternateurs à courant continu. La chaleur excédentaire servait à chauffer les bâtiments et les immeubles à caractère médical.
Les conduites de chauffe et les câbles électriques sont logés dans une toile d’araignée de couloirs souterrains qui relie routes les constructions.
Le guide explique que pendant les cinquante années de l’occupation soviétique, la gestion et la maintenance technique était restée entre mains Allemandes. Les ingénieurs et les agents professionnels se déplaçaient à bicyclette dans les couloirs souterrains, une existence parallèle sous l’autre.
Un brin d’amertume dans la voix, notre guide affirme que les alternateurs sont en état de marche et qu’il suffirait d’un peu d’initiative pour que la centrale de ‘Force-Chaleur’ la plus ancienne au monde, puisse fonctionner à nouveau.
Vois qui me lisez, si vous passez dans le coin, allez au centre touristique de Beelitz et demander à parler à Frau Irene Krause, elle vous dira tout sur les Heilstätten.
Son adresse mail est: irenekrause@gmx.net
Pour conclure cette lettre, je dois signaler que ce matin nous nous sommes pointés au Schloss Lindstedt, un petit château méconnu, à un kilomètre à l’ouest de Sanssouci.
Les deux cent cinquante huit intéressés qui avaient eu la même idée, nous ont découragé de nous presser avec eux pour voir les deux salles intérieures qui n’ont pas grand intérêt, car elles servent de salle de conférence et les sièges fonctionnels ont remplacé les fauteuils rococo.
– Publié sur mon iPad
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