Je ne crois pas trop au hasard, c’est donc à dessein que nous avons choisi avant-hier de visiter le deuxième plus grand cimetière de l’Allemagne et hier, le deuxième plus important musée de l’aviation militaire.
Le 2 novembre 1935 Hitler assista à l’inauguration de l’aéroport de Berlin-Gatow. La Luftwaffe l’utilisa comme école de pilotage et le führer comme aéroport privé pour ses vols vers Bergtesgaden.
En avril 1945, l’armée soviétique avait entièrement encerclé Berlin et c’est de Gatow que Beate Uhse, pilote cascadeuse et femme d’affaire, récupère son fils âgé de deux ans dans Berlin en ruine, trouve un avion ‘Unklar’ qu’elle remet en état de voler avec un mécanicien resté sur place et fuit vers le nord de l’Allemagne où elle rejoint son escadrille. En Frise, elle est faite prisonnière par les Britanniques
Dès son plus jeune âge elle rêvait de devenir pilote et à dix-huit ans, elle obtient son premier brevet de pilotage solo.
Pendant la guerre elle convoie pour la Luftwaffe des avions des lieux de production vers les champs de batailles. À 25 ans, en octobre 1944, elle est nommée capitaine du 1e escadron de convoyage.
Début avril 1945, elle reçoit une formation sur le chasseur à réaction Messerschmitt Me 262. Elle pense qu’après la guerre cette formation pourra l’aider à trouver un emploi.
Malheureusement pour elle, après la capitulation, les Alliés interdissent aux Allemands toute activité lié à l’aéronautique. C’est la fin de sa carrière d’aviatrice professionnelle.
Beate Uhse découvre l’énorme lacune dans les connaissances sexuelles des femmes d’après-guerre. Riche de l’éducation sexuelle saine que ses parents lui avait prodiguée, elle fait des recherches et publie une brochure expliquant aux femmes comment reconnaitre leurs périodes fécondes. Ses écrits ont du succès, elle crée une entreprise et en 1962 à Flensburg elle ouvre la première boutique sex-shop du monde.
De nos jours, la société « Beate Uhse AG » est cotée en bourse et c’est la plus grande entreprise allemande de produits érotiques.
En mai 1945 l’armée soviétique envahit Gatow. Le 2 juillet l’aéroport est cédé à la Royal Air Force.
C’est un des trois aéroports en plus du Havel pour les hydravions, d’ou partaient les convois aériens qui alimentèrent Berlin pendant le blocage de la ville par les Russes de juin 1948 à mai 1949.
Pas loin de 200.000 vols acheminèrent 1,5 million de tonnes de matières vers la ville en siège. Les avions se succédèrent à raison d’un toutes les deux à trois minutes, sans interruption, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours par semaine.
Pour survivre, la ville avait besoin de vivres, de charbon, de matériau de construction et de produits bruts pour alimenter les usines.
Les films projetés dans le musée illustrent l’envergure de cette opération. Les ‘Rosinen-Bomber’ utilisaient trois couloirs aériens et volaient à cinq niveaux superposés.
Berlin devait baigner dans un bourdonnement continu dont les contestataires de la nuisance acoustique anticipée pour le nouvel aéroport de Schönefelt qui s’ouvre en 2012, n’ont aucune conscience. Evidemment, il y a une grosse différence entre l’avion qui apporte le pain et celui qui conduit le vacancier à Ibiza.
La Luftwaffe a fermé Gatow le 30 juin 1994; aujourd’hui les pistes servent de parking à un nombre impressionnant d’avions et d’hélicoptères militaires.
– Envoyé de mon iPad
fabuleux article, merci beaucoup.