Lundi, le 26 septembre 2011
Hannelore et Baldur sont émus lorsque nous leur faisons nos adieux, nous aussi.
C’est la deuxième année que nous vivons pendant près de deux mois en bon voisinage avec le ‘Rattenfänger’, nous connaissons leurs habitudes et leurs dadas et ils connaissent les nôtres.
Nos ‘Hafenmeister’ éprouvent une grande sympathie pour les les corbeaux du port, qu’ils nourrissent plusieurs fois par jour. Les volatiles picorent le pain d’entre les doigts de Baldur mais ils chient sur le Chat Lune. On râle un peu, mais le plaisir de nos deux voisins et le ballet des oiseaux vaut un coup de brosse de temps à autre.
Toutes les après-midi, Johanna, une amie de Hannelore âgée de 78 ans vient jouer au rummycub. Le claquement des tuiles en plastiques sur la table en bois de la véranda arrière du catamaran nous est aussi familier que le cri des corbeaux.
Leurs deux teckels, ‘Paulchen’ et ‘Schnuli’ doivent régulièrement faire un va-et-vient entre le bateau et la terre ferme. Les pontons sont faits de grilles métalliques et les chiens détestent faire le trajet pourtant indispensable à leur bien-être. Lorsque Baldur passe devant la proue de notre bateau, le ventre en avant, la lanière tendue trainant ‘Paulchen’ derrière lui, il ne manque jamais de s’arrêter pour tailler une bavette. Il nous informe du temps qu’il va faire, de la dernière frasque de Sarkozy ou d’une bonne affaire à l’Aldi local.
À chaque fois qu’en plus de Johanna, Hannelore invite d’autres amies à passer une après-midi sur le Rattenfänger, elle nous offre un morceau de gâteau aux prunes ou de tarte au sucre qu’elle a confectionné pour l’occasion.
De notre côté, nous leur passons des articles de journaux, un bouquet de fleur quand on va au marché et en leur absence, nous jouons les maîtres du port et nous donnons des instructions aux bateaux qui souhaitent s’amarrer.
Notre harmonie sociale est parfaite, on se dit bonjour, on s’informe mutuellement des choses de la vie en général et du port en particulier, et on maintient nos vies privées respectives en bon équilibre.
Cet après-midi, nous bavardons une dernière fois, on se serre les mains, on s’embrasse et le Chat Lune part vers le Yachthafen Potsdam où nous attend la grue de 25T.
En desserrant l’amarre avant, Hannelore, la larme à l’oeil, remarque qu’il va y avoir un vide, car nous faisions partie intégrante du ponton numéro un.
Arrivé dans l’autre port, Armin Buchardi, le propriétaire, vient nous souhaiter la bienvenue mais il a une requête. ‘Pourrions-nous envisager de sortir le bateau demain mardi au lieu de mercredi comme prévu?’
Ce jour-là il souhaiterait pouvoir fêter à la maison le septantième anniversaire de son épouse.
Nous marquons notre accord en contrepartie de pouvoir loger dans la cabine d’appoint de la marina, marché conclu.
À 78 ans, il est encore tous les jours présent et actif dans son port. C’est lui qui opère la grue et qui place les bateau à leur endroit d’hivernage.
Mardi, le 27 septembre 2011
Le matin, nous faisons nos bagages et l’après-midi, vers 14:30, le Chat Lune est gruté, mis sur béquilles et bâché.
La saison de navigation 2011 se termine, ainsi que mon blog, mes écritures et nos photos.
À moins que l’envie ne me prenne, de temps à autre, à écrire un texte et à le publier.
Je remercie tous ceux qui ont lu mes écris et regardé nos photos; j’espère que vous avez eu autant de plaisir à suivre nos aventures, que nous à les vivre.
Ainsi se termine une très belle saison, nous rentrons hiberner chez nous.
N’hésitez pas à m’envoyer des commentaires, je vous promets d’y répondre.