Au téléphone, la dame m’informe que le musée est ouvert toute la journée, la culture ne fait pas la grève ce jeudi.
Rassurés, nous enfourchons nos vélos et nous partons vers le STAM, le musée de la ville de Gand, ouvert depuis octobre 2010 dans les bâtiments rénovés de l’ancienne abbaye de la Bijloke.
Les architectes ont fait du beau travail en intégrant dans les murs médiévaux, le béton nu, le verre et l’acier.
La boîte noire, nom donné par les gantois à la construction moderne qui chapeaute le hall d’accueil, le vestiaire, la cafétéria et les ascenseurs tout en verre, comprend une réalisation multimédia qui promène le visiteur dans un voyage numérique au travers de l’histoire de la ville.
À une étape du parcours, pour des raisons moins pieuses que les moines d’antan, les citoyens s’agenouillent à la recherche de leur maison sur la photo aérienne contemporaine qui comme un tapis plein, recouvre l’entièrement le sol de la grande salle de l’étage.
Ayant déjà exploré les collections permanentes, nous venons voir plus en particulier, deux expositions temporaires, le Liber Floribus et les photos d’Edmond Sacré.
Au début du 12e siècle, le chanoine Lambert de l’abbaye de Saint-Omer eut l’audace et le courage d’assembler dans un volume, l’histoire du monde avec comme fil conducteur de son oeuvre, la cosmographie telle qu’il la concevait à son époque.
Il dessine et il décrit la terre comme un sphère mais il laisse à Galilée le privilège, quatre siècles plus tard de défendre l’héliocentrisme.
L’encyclopédie est entièrement dessinée et calligraphiée à la plume, les enluminures et les cartes sont de petits joyaux où l’auteur concentre à la fois les données géographiques, historiques et temporaires.
L’oeuvre s’est retrouvée on ne sait comment au 14e siècle à l’abbaye Saint-Bavon, aujourd’hui est elle détenue à la bibliothèque universitaire de la ville de Gand.
La dernière salle expose une vingtaines de manuscrits datant du 8e au 12e siècle prêtés pour l’occasion par des institutions belges et étrangères.
Les couloirs et le réfectoire gothique de l’abbaye se prête admirablement à cette exposition.
La deuxième exposition montre quelques centaines de photos prises à la fin du 19e et au début du 20e siècle par le photographe gantois Edmond Sacré (1851-1921).
Je suis toujours émerveillé par la précision des tirages, même à 12M de pixels, nos appareils numériques sont loin d’avoir la précision des clichés de l’époque.
On râle lorsque les travaux routiers, les démolitions et reconstructions d’immeubles nous obligent à mettre le pied à terre lorsque nous roulons en ville. Les témoignages d’Edmond Sacré illustrent que la ville a toujours fait l’objet de transformations importantes. Les larges rues qui nous sont familières ont pu être tracées par la démolition de ruelles et de pâtés de maisons, ce n’est pas Haussmann mais une ville ça bouge, ça change et finalement la nôtre, elle s’est embellie et elle s’embellit encore. Ceux d’entre-vous ne la connaissez pas, n’ayez pas honte, mais venez-la voir.
Dans un endroit sacré par excellence, devant le coeur de la chapelle de l’abbaye, trône sur un socle noir, dans une cage de protection en verre, une coupe d’échange qui célèbre la durée de la constitution d’un gouvernement. Imprimé sur le pied, on peut lire la Belgique en tête avec 541 jours, suivi par l’Iraq en 2010 avec 249 jours et le troisième de loin, les Pays Bas en 1977 avec 208 jours. Voila un trophée que nous garderons précieusement pendant de nombreuses années.
Je souhaite à mes lecteurs un joyeuses fêtes et une bonne année 2012.