‘Prendre le train c’est toujours voyager’, il y a quelques années, ce slogan était supposé motiver le citoyen à troquer sa voiture pour les transports en communs.
En raison de l’incertitude des horaires, des changements de quai intempestifs annoncés par une voix souvent inaudible débitée par des haut-parleurs grésillants, en raison des aiguillages gelés et des voleurs de cuivre qui mettent en panne des réseaux entiers, en raison enfin des mouvements de grève encore plus intempestifs que tout ce qui précède, le slogan devrait être: ‘Prendre le train, c’est toujours une aventure’.
Malgré cela, M. et moi, nous aimons prendre le train.
Nous ne sommes jamais particulièrement pressés, nous nous arrangeons toujours pour ne pas avoir de rendez-vous contraignants et nous avons en poche un livre du même nom.
Ce matin il fait beau et froid et nous allons à Louvain voir une exposition dans le musée M.
Il y a quelques années il y avait sur les quais des grandes gares deux salles d’attente chauffées, une pour les fumeurs et une pour les non-fumeurs. Ce matin à la gare Saint-Pierre de Gand, sur le quai numéro 9, par moins 6°C, pour éviter le vent glacial, nous nous réfugions dans l’unique local existant, libellé non-fumeurs et garanti non-chauffé.
Le consultant responsable de la productivité a du raisonner que si le train est à l’heure et le voyageur aussi, il est inutile de chauffer un local qui sera théoriquement toujours inoccupé.
À Louvain, ils ont poussé le raisonnement plus loin. La gare a été rénovée récemment et la superstructure est faite de tuyaux métalliques gris qui supportent une toiture parabolique légère en aluminium brossé.
Sur les quais, les salles d’attente sont des cages en verre munies de portes automatiques, sans toiture et les sièges en métal ont la température de l’air ambiant, moins 6°C.
Mais tout cela ne sont que des détails car ce matin, tant à l’aller qu’au retour, les trains sont à l’heure, à cinq minutes près. Les compartiments sont propres, confortables et chauffés et tout au long du trajet, le soleil éclaire le tapis de neige qui couvre le pays, c’est féerique et nous sommes contents. Voila pour le voyage.
Le musée M est à un kilomètre et demi de la gare, à l’autre bout de la Bondgenotenlaan, à quelques pas de l’hôtel de ville et de l’église Saint-Pierre.
Pour ceux que cela intéresse, le lien ci-après ouvre une page d’explication sur l’historique de l’endroit.
http://www.mleuven.be/fr/a-propos-de-m/lhistoire-du-musee/
Comme de coutume, nous suivons le tracé chronologique des salles, du numéro un au numéro 31. Je traverse d’un oeil distrait les collections permanentes.
M. me tient par la manche devant la Cène de Dirk Bouts mais notre intérêt va à l’exposition temporaire de Charles Burns et de Patrick Van Caeckenbergh.
Le premier est un ‘cartooniste’ américain né en 1955. La brochure explique qu’il a grandi à Seattle et que tout jeune il ‘dévorait’ la revue ‘Mad Magazine’, nous aussi.
Nous avons toujours suivi avec intérêt les aventures d’Alfred E. Neuman, Spy vs Spy et les autres.
Les salles 19, 20, 21 et 22 lui sont consacrées. Les écoles d’art de la ville se sont donné le mot et de nombreux étudiants, assis par terre ou sur les rebords de fenêtres, copient les oeuvres de l’artiste.
Le second, Patrick Van Caeckenbergh né à Alost en 1960, nous ravit avec ses dessins, ses collages, ses maquettes et ses sculptures. Doué d’une imagination débridée, il combine les objets les plus divers tirés de la vie quotidienne, des boîtes d’allumettes, des morceaux de carton perforé, des coquillages, pour en faire des œuvres mystérieuses et baroques, amusantes et insolites.
Au centre de la salle 25 trône une boîte de cigares surdimentionnée comportant un studio complet avec un lit, des bibliothèques, un bureau et un poil à charbon en fonte émaillée blanche, un coup d’oeil et c’est le coup de foudre, on a envie d’y habiter.
Sur la place du Marché, nous mangeons le plat du jour au Quasimodo – Notre Dame, un sympathique restaurant aux boiseries sombres, style vieux café d’étudiants.
Le ticket d’entré du M nous donne droit à la visite gratuite de la crypte de l’église Saint-Pierre.
Les trésors ne nous impressionnent pas outre mesure mais nous aimons beaucoup les sculptures des stalles pliables du coeur, elles sont toutes différentes et témoignent de l’humour des artisans du Moyen Âge.
Dans l’église même, nous faisons trois fois le tour de la majestueuse chaire en bois sculpté au centre de la nef principale. Elle est couronné de feuilles de palmier et décorée d’animaux divers dont bien entendu le serpent.
Au pied, Saint-Norbert vient de tomber de son cheval, on sent qu’il va se convertir.
Nous remontons la Bondgenotenlaan jusqu’à la gare et comme je l’ai déjà signalé plus haut, le retour vaut l’aller.
Vous êtes de vrais courageux pour vous lancer dans de déplacement ferroviaires par un temps pareil – la gare pour nous est synonyme de courant d’air ! Par contre, on a plus de chances de visiter calmement les musées, beaucoup restent au chaud chez eux. C’est tellement pénible de voir des expositions où les gens se poussent en vague, où on a malheureusement juste un petit aperçu. Voilà l’inconvénient de la sur- médiatisation des événements culturels.
L’exposition est en tout cas très original !
Merci pour vos commentaires.
Il faut déjà qu’il fasse très ‘dégueu’ pour que nous ne sortions pas, attirés par l’une ou l’autre exposition et en bonus, à l’inverse des gares, les musées sont chauffés!
M.