Nos années de voile nous ont habitué à observer la force et direction du vent. Aussi, lorsque nous arrivons à Ostende, nous scrutons le mouvement des deux pavillons placés à chaque bout du Northlaan entre la rue du Trône et la digue de mer.
Comme vous pouvez voir sur la photo ci-jointe, vendredi, il y a confusion.
Nous prenons la voiture pour aller à Zeebruges, le point le plus à l’est de Beaufort 4.
Michael Johansson a superposé trois containers marins à l’entrée du port de plaisance, en face du local du Royal Belgian Sailing Club, ‘le Sailing’ pour les intimes.
Sur celui du milieu, l’artiste a représenté le contenu du déménagement, comme si on avait par magie retourné l’emballage comme une vulgaire chaussette.
Question magie, la légère brume printanière confère à l’entrée du port un air de grand large, mais je dérive dans la poésie, ça doit être l’appel du Chat Lune.
Pas loin de l’église, au milieu de la pelouse au centre de la Admiraal Keyesplein, Stefan Sous a déposé un enchevêtrement de six caravanes.
Une caravane c’est moche, six caravanes, même baptisées oeuvre d’art, c’est très moche.
Le contraste avec le charme de la plaine n’en est que plus grand et c’est peut-être ce que l’artiste a recherché. Nous préférons le forum sans roulottes.
La troisième oeuvre à Zeebruges est situé au début de la ‘Saint George’s Day Promenade’.
Le 23 avril 1918, les Britanniques déclenchent une attaque maritime avec l’objectif de fermer l’accès du port aux sous-marins Allemands. Imaginée par le Vice-Amiral Keyes, les pertes humaines sont grandes, le succès limité mais la propagande importante. Un mémorial avec un plan en relief du port, rappelle l’évènement.
Le 23 avril coïncide avec la Saint-George, ce qui explique le nom de l’endroit.
Erwin Wurms a positionné deux paires de jambes surmontées par un parallélépipède rose à cent mètres d’intervalle sur la digue de mer qui longe la Saint-George’s Day Trail.
M. commente: ‘c’est cul-cul’, je suis d’accord.
Quatre kilomètres à l’ouest, à gauche du Pier de Blankenberge, partiellement enfoncé dans la plage, la carcasse d’une camionnette blanche fait penser à un décor d’une BD de Jeremiah. Par les fenêtres dénuées de carreaux, deux fillettes de cinq ans hurlent à se casser la voix pour attirer l’attention de leurs copines qui assises un peu plus loin, construisent un château dans sable.
Pour rejoindre le saltimbanque de Folkert De Jong, j’ai programmé mon GPS et nous découvrons le plaisir de rouler au pas dans les rues étroites de la ville balnéaire, l’habitude des artères piétonnières nous donne le sentiment de faire une manoeuvre interdite.
Le baladin semble triste d’être ignoré par les badauds qui prennent le soleil assis sur les bancs du coupe-vent centenaire que les locaux appellent le ‘paravang’.
Sur la place de l’église, Dalila Gonçalves a posé des rochers couverts d’azulejos.
Les dalles colorées épousent la surface tout en rondeur de leur supports.
Cette troisième oeuvre de Beaufort à Blankenberge clôture notre journée artistique.
Il y a une question qui s’impose : il faut toujours si beau « la-haut » ?
Bonne journée
Toujours, c’est le micro-climat de la côte Belge.
@+M