« Vous ne m’avez pas demandé l’autorisation de me photographier, » me crie le gars qui traine derrière son vélo une caravane à la dimension de son berger Allemand.
En effet, par courtoisie, j’aurai du, mais au choix, je préfère me faire engueuler de temps à autre plutôt que de rater une instantanée marrante comme celle de la dame au chien de la deuxième photo ci-jointe.
Ma technique consiste à tenir mon appareil nonchalamment à bout de bras, l’index sur le déclencheur et lorsque je devine une image intéressante, je pousse le bouton.
Généralement les victimes ne sont pas conscientes d’avoir été croquées.
Je sais, je devrais leur demander l’autorisation, mais alors l’instantané devient pose et le ‘urban explorer’ devient photographe.
Ce matin nous avons fait le grand nettoyage de printemps du Chat Lune, les poussières sont prises, les vêtements d’hiver sont dans les coffres et la pile de vieilles brochures et de vieux journaux sont dans la poubelle bleue du port de plaisance.
Après la sieste nous partons vers le parc du Château de Sanssouci. Cette année-ci le Brandebourg fête le 300-ième anniversaire de la naissance de Frédérique II, dit Frederick der Grosse. Des centaines de manifestations sous le vocable de ‘Friederisiko’ sont programmées tout au long de 2012 dans toutes les villes, les châteaux et les parcs où le célèbre monarque a laissé son empreinte. Il régné pendant 46 ans, ça se sait et ça se remarque.
On nous explique que le nom Friederisiko tient au fait que pour réaliser tout ce qu’il a réalisé, il a pris des risques, on n’en doute pas.
Une rétrospective des multiples facettes du personnage vient de s’ouvrir dans 72 salles du Neues Palais, une de ses dernières grandes réalisations.
Les organisateurs attendent de la foule et les entrées sont programmées toutes les dix minutes, à quatre entrées, A,B,C et D.
Demain nous avons deux tickets à 10:10 pour l’entrée A, porte verte.
Aujourd’hui nous suivons les instructions du mode d’emploi de l’exposition qui incite les visiteurs à suivre dans les jardins de Sanssouci un parcours avec 10 points de chute permettant de découvrir les perspectives du parc et quelques reliques architecturales que Frédérique affectionnait.
Le point zéro s’appelle ‘Mopke’. Nous ignorons le sens du mot, alors intrigués, nous tournons en rond à l’endroit indiqué mais rien ne ressemble à un Mopke. Un guide en uniforme nous affirme, Mopke, c’est ici. On est pas convaincus mais un autre guide précise, ici c’est Mopke sud, la-bas plus loin, c’est Mopke nord.
Nous restons sceptiques et nous poursuivons nos investigations. Enfin, dans la tente en toile blanche qui abrite les guichets de vente des tickets, un guide grisonnant et érudit nous explique que le mot provient des maçons Hollandais qui ont construit le palais et la cour d’honneur. Les briques de pavement de ladite cour sont posées sur leur champ, dans le langage des ouvriers la technique s’appelait ‘mopke’. Plus tard les locaux ont adopté ce nom pour désigner l’endroit.
Le point trois du parcours annonce un plan-relief en bronze, remis spécialement en état pour l’exposition.
Une nouvelle fois, nous tournons en rond à l’endroit indiqué, pas de plan-relief à voir.
De retour à la tente des tickets, les guides successifs que nous questionnons, n’ont jamais entendu parler de la chose. Une d’elle, plein d’initiative, téléphone à son chef, sans résultat.
L’érudit du Mopke se rejoint à nous, il réfléchit un instant et déclare que l’objet recherché n’a probablement pas encore été mis en place.
À cette allure nous allons mettre trois jours à faire le parcours historique du parc.
Heureusement le soleil brille de tous ses feux, le parc est superbe en cette journée de printemps et Wilhelmine, la soeur de Frédérique, avec son chien sur les genoux, est de toute beauté en marbre blanc.