L’homme n’aime pas le vide. Cette caractéristique se remarque particulièrement en urbanisme métropolitain. Les Champs de Mars reçoivent des statues, voir une tour Eiffel, les cours intérieures des fontaines décorées de faunes, les places publiques des kiosques et dans le pire des cas, on construit un château au milieu de la vaste plaine dégagée du centre ville, en argumentant qu’il s’y trouvait déjà au 18e siècle et que le reconstruire enrichit le patrimoine historique de la ville.
Aujourd’hui, ‘Tag der offenen Baustellen’, journée porte ouverte des chantiers, la ville de Potsdam offre à ses citoyens de se promener entre les échafaudages du ‘Palais de la Ville’ situé à l’endroit de celui qui fut mis en gloire par Georg von Knobelsdorff, commandité par Frédéric II et terminé en 1751.
Les rois qui succèdent à Frédéric II s’en désintéressent et au fil des années il héberge l’administration de la ville, la justice, un théâtre, un musée et finalement en 1945, il s’effondre et il brûle, victime des derniers bombardements Alliés.
La DDR n’avait pas les moyens financiers pour le restaurer et 1960 ce qui reste debout est dynamité malgré les mouvements de protestations des habitants de Potsdam.
Début des années 80 la ville toujours sous le régime communiste, entame au même endroit la construction voulue prestigieuse d’un théâtre, malgré les mouvements de protestations des habitants de Potsdam qui réconcilies avec le vide de la plaine, estiment que ce nouveau bâtiment va obstruer la vue de la Nikolai Kirche.
Après la chute du mur en 1989/1990, ce qui est déjà construit est rasé et il s’ensuit une vingtaine d’années de discussions et de multiples projets qui aboutissent finalement à l’accord de construire un ensemble administratif dont les façades extérieures seront similaires aux façades du Palais conçu par von Knobelsdorff.
La première pierre est posée le 25 mars 2010 par le maire Jann Jacobs et aujourd’hui nous suivons la foule qui se promène entre les murs en béton nu.
Le tout a l’air solide et bien pensé, les responsables de l’entreprise de construction BAM, arborant un gilet jaune et un badge d’identification accroché à leur poitrine, veillent à la sécurité. Entre les cliquetis des appareils photo, nous entendons la voix d’une employée qui s’inquiète, ‘et moi, je serai assise où?’
Pas rancunière, la Nikolai Kirche dont la vue est obstruée par le nouveau palais, offre pour l’occasion, la visite de la coupole à prix réduit. Nous ne résistons pas et nous nous empressons de gravir l’escalier en colimaçon à sens unique régi par un système de portillons à commande électronique. Un vent violent ouvre le ciel et du haut des toits, la vue est bien dégagée.
À la descente, l’électronique a du foirer car malgré le feu vert, nous devons nous écraser contre le mur pour laisser passer des montants mécontents qui sont convaincus que nous n’avons pas respecté les instructions, c’est très mal vu en Allemagne.
Sur la place entre le Lustgarten et le musée du cinéma on aperçoit les tentes d’un marché qui s’intitule ‘Geben und Nehmen Markt’, ‘Prendre et Donner’.
Organisé sous les auspices de la ville de Potsdam, l’idée est simple, les intéressés viennent avec les objets dont ils veulent se séparer et les autres intéressés prennent ce qui leur fait envie, sans payer. Nous n’avons besoin de rien mais nous aimons fouiner et M. ne résiste pas à prendre deux livres et un puzzle pour enfants que nous ramenons au bateau.
Encore un très beau reportage ! Vraiment, il faut que nous retournions à Berlin et à Potsdam, tant de choses à voir et tant de nouveautés…
Et dans la foulée, quand vous serez revenues de l’Inde, n’ounbliez pas Potsdam,
Bon voyage,
M
Oh non, L’Inde c’est déjà passé !