Herr Glaser aura soixante ans l’année prochaine, il arbore un grand sourire sous sa moustache de sapeur pompier et il nous apporte la clé de la porte qui nous sépare de la ville.
Il est 15:30, nous avons mangé à bord, fait une sieste et nous sommes prêts à aller à la ‘Rupinner Lesezeichen’ un librairie seconde main que nous avons découvert lors de notre séjour ici en 2011.
Avant cela, Herr Glase accepte avec plaisir le café que nous lui présentons à bord, il est curieux et il aime visiter les bateaux, nous le comprenons.
Né en ’53, fils de paysan et donc prolétaire, il a pu faire des études, ce qui en DDR, était systématiquement refusé aux enfants d’intellectuels.
Successivement responsable d’un atelier de construction, mais pas chef, nous confie-t-il, car je n’étais pas membre du parti, ensuite entrepreneur de travaux publics, ‘j’avais une entreprise de 80 personnes’.
Il y a dix ans, un soir d’hiver, il glisse sur une plaque de verglas, doit être ré-animé à deux reprises, ‘je meurs deux fois’, nous dit-il, et passe ensuite un an dans un hôpital Berlinois, dont six mois dans un état comateux.
Aujourd’hui, il est pleinement rétabli, ‘sauf mon pied gauche dont les nerfs ont été sectionnés, ça brûle un peu, mais je marche presque normalement’, ‘mais la tête ça va, la vie est belle’, précise-t-il.
Avec son épouse il a crée une entreprise de location de canoës, de vélos et de pédalos à Altruppin. Cet année-ci il vient d’acheter trois pontons à la ville, dont celui le long duquel nous sommes amarrés. Son l’intention est de les aménager en marina, ce qui n’existe pas à cet endroit central du centre de Neuruppin.
Herr Glaser est un homme entreprenant, gentil et sympatique, si des fois vous venez à Neuruppin, ce que je conseille à tout le monde, n’hésiter pas à louer un vélo ou un canoë à http://www.rhinpaddel.de
La librairie n’est ouverte que jusque 15:00, nous reviendrons demain matin. Neuruppin est la ville de Theodor Fontane et du peintre et architecte Karl Friedrich Schinkel. Frédéric II y séjourna pendant quatre ans, de 1730 à 1734 avant de déménager au château de Rheinsberg jusqu’à son intronisation en 1740.
La ville est construite en damier, selon un plan Prussien rigoureux, les rues sont larges et le centre comporte trois grandes places ouvertes et dégagées.
Au 17e siècle elle reçoit et abrite une garnison et cet particularité est maintenue pendant la période communiste.
Herr Glase nous raconte que le dernier soldat Russe des ‘Western Group Forces’ quitta la ville en 1992. Depuis 1945, Neuruppin comptait 21.000 soldats soviétiques en uniforme, si on ajoute à ce nombre leur famille, ils étaient plus nombreux que les habitants de la ville.
L’aéroport adjacent, construit par Hitler avait été récupéré et servait de base aux MIG et aux chasseurs bombardier Su-17-M4.
Il y a vingt ans de cela.
Aujourd’hui la ville a été rénovée avec les fonds de l’Allemagne de l’Ouest et de l’Europe, elle respire la prospérité et rien que dans le centre, une vingtaine d’hôtels attendent chaque année les touristes attirés par cet endroit historique situé en pleine nature le long d’un lac à l’eau limpide.
Pour en savoir plus sur Neuruppin voir mes billets du 21, 22, 23 et 24 juin 2011.