Ce matin au comptoir à l’entrée du Kaufland je m’adresse à la réceptionniste, une belle jeune femme brune d’une trentaine d’année qui me renseigne sur l’emplacement des petites bouteilles jaunes de citron concentré. En la quittant je lui fait remarquer qu’elle a une tache d’encre sur son menton juste sous sa lèvre inférieure. C’est ‘Eine blaue Leberflecke’, un grain de beauté bleu, me fait-elle avec un grand sourire, ça m’apprendra à scruter le visages des jolies femmes, n’empêche que son sourire ‘makes my day’, comme on dit en anglais.
Pour se rendre à Berlin, on s’est habitué au S7 et au trajet un peu plus long que le train régional. Le temps est idéal, plein soleil avec un petit vent qui maintien la température au alentours de 25°C.
Nous descendons à la gare de la Savignyplatz et prenons un cappuccino en attendant l’ouverture de la BücherBogen, une librairie situé sous la voute en brique qui supporte les voies de train des lignes centrales de la ville.
C’est un paradis pour les flâneurs de livres que nous sommes, le magasin est spécialisé en livres d’art, film, design et d’architecture. Nous y achetons rarement quelque chose car notre spécialité sont les livres d’occasion que nous acquérons à tour de bras dans les brocantes et sur les sites spécialisés de la ‘toile’ tel que http://www.abebooks.fr pour la France, http://www.abebooks.com pour l’international, .co.uk pour le UK et .de pour l’Allemagne.
N’empêche que nous fouinons et nous triturons les ouvrages avec délectation pendant le temps nécessaire pour satisfaire notre curiosité d’amateurs de publications imprimées.
Toujours les bouquins en tête, en route vers le centre ville, nous faisons halte au ‘Jacob-und-Wilhelm-Grimm-Zentrum, la bibliothèque universitaire centrale, située Geschwister-Schollstrasse 1/3, pas loin de la gare de la Friedrichstrasse.
Ouvert à tout le monde mais essentiellement peuplé d’étudiants, l’ensemble architectural moderne est accessible de huit heures du matin à minuit en semaine, et jusqu’à dix-huit heures le samedi.
Les architectes de la Grande Bibliothèque à Paris n’y ont pas pensé, mais ici la lumière naturelle est indirecte, elle pénètre par le toit et éclaire une salle centrale qui fait la hauteur du bâtiment. Elle est entrecoupée par cinq plateaux de pupitres de lecture placés en terrasses. Les photos en annexes sont plus parlantes que mon explication.
La rue dans laquelle est située la bibliothèque doit son nom à Sophie et Hans Scholl. En pleine guerre, les deux jeunes gens distribuèrent des exemplaires du pamphlet anti-nazi ‘Der Weißen Rose’ à l’université de Münich. Le 18 février 1943 ils furent dénoncés à la Gestapo par leur concierge, appréhendés et le lendemain, promptement guillotinés.
Un extrait du pamphlet: « Freiheit der Rede, Freiheit des Bekenntnisses, Schutz des einzelnen Bürgers vor der Willkür verbrecherischer Gewaltstaaten, das sind die Grundlagen des neuen Europa. »
Notre principal objectif aujourd’hui est la visite de la Heilig-Geist-Kapelle qui, comme j’ai déjà eu l’occasion de l’expliquer, n’est ouverte au public que chaque jeudi de 12:00 à 13:00. Il y a deux semaines à la date et l’heure précise elle était exceptionnellement fermée pour cause d’une manifestation officielle et l’année dernière elle était fermée tout court, à cause des travaux de rénovations de la façade extérieure.
Mais nous sommes têtus et nous revoilà sur place et la troisième fois étant la bonne, nous pouvons admirer la structure en voûte étoilée du plafond de ce bâtiment que la brochure décrit comme étant la plus vieille construction de la ville. Construite en 1300, la chapelle de l’ancien l’hôpital ‘Heilig-Geist’ est devenu une salle de conférence de la ‘Wirtschafts-wissenschaftlichen Fakultät der Humboldt-Universität zu Berlin.
C’est notre dernière journée à Berlin cette année-ci, dans quelques jours nous entamerons à l’aise le chemin du retour vers la France.
C’est donc le dernier plat du jour de la Rote Rathaus, les asperges sont au menu.
Au coin NE de la Penzlaueralle et de la Mollstrasse se trouve le cimetière St.-Marien-St.-Nikolai. L’employée municipale chargée de l’entretien du parc essaye vainement de mettre en marche une débroussailleuse Stihl. ‘Parfois elle veut, parfois pas’, nous fait-elle, très décontractée. De toute manière ça pousse tellement vite que c’est peine perdue, rajoute-t-elle en souriant.
En effet, le cimetière est en grande partie laissé à l’abandon, ce qui lui confère un charme que nous apprécions beaucoup. C’est un parc sauvage où la végétation a pris le dessus depuis de nombreuses années, les tombes sont recouvertes de buissons et d’herbes de toutes nature, ici et là un buisson de rhododendrons en fleurs forme une tache de couleur, les sureaux sont en fleur et ils me rappellent la limonade que ma mère en faisait, elle appelait cela du ‘Hollunderwein’.
Elle ébouillantait les fleurs dans de l’eau sucrée, rajoutait du jus de citron et ensuite elle transférait le liquide filtré dans des anciennes bouteilles à bière en verre brun avec des capsules en porcelaine blanche, lesquelles étaient placées dehors au soleil pendant plusieurs jours jusqu’à l’apparition de petites bulles, indiquant le début de la fermentation. La boisson se buvait frappée, elle était pétillante, délicieusement aromatisé et légèrement alcoolisée.
Avant de prendre le S7 pour Potsdam à la gare de la Friedrichstrasse, nous faisons le tour du ‘Tränenpalast’, le ‘Palais des Larmes’. Après l’érection du mur en 1961, la gare de la Friedrichstrasse était devenu le poste frontière et servait de zone de transition pour les citoyens de l’ouest qui souhaitaient rendre visite à leurs famille restée à l’est et au quelques citoyens de l’est qui avait reçu l’autorisation de se rendre à l’ouest.
Les scènes de séparation étaient souvent émotives, d’où le surnom de la gare et du musée qui documente et qui rappelle les événements.
Encore de belles photos de Berlin, en plus sous le soleil ! La bibliothèque est magnifique, en effet.
La photo avec le char est certainement une photo prise le 17 juin 1953 lors d’une l’insurrection ouvrière avec 60 000 manifestants à Berlin et de milliers d’autres dans toute la RDA. Les chars russes étaient appelés pour écraser cette révolte.
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