Il y a une dizaine d’années, le Musée des Arts et Métiers changea de philosophie et de robe. Des 80.000 pièces exposées, on en sélectionna 4000 des plus significatives, elles servent aujourd’hui à illustrer et à approfondir un thème particulier.
C’est ce que nous explique le conservateur qui nous sert de guide et qui nous promène entre les rayonnages de la réserve du musée.
Les 76.000 pièces restantes, plus toutes celles acquises depuis lors, sont inventoriées, réparées et stockées dans des entrepôts situés au 123, Av. Du Président Wilson à Saint-Denis.
Les locaux sont confrontés à deux paradoxes.
Pour minimiser le risque d’oxydation des objets métalliques, le degré d’humidité doit être inférieur à 30%. Les objets en bois demandent pour une bonne conservation, un degré d’humidité supérieur à 55%.
Deuxième paradoxe, les objets se conservent le mieux à basse température mais les employés qui travaillent dans ces locaux demandent un peu plus de chaleur.
Nous nous promenons donc dans un atmosphère à 18°C et 50% d’humidité, c’est bien agréable.
Le critère des conservateurs pour retenir un objet est qu’il doit avoir contribué à un renouvellement technologique, tel que le téléphone, le moteur à explosion ou le fil à couper le beurre.
En parlant de fil, notre guide nous explique qu’au siècle passé l’introduction du télégraphe à fil avait pris du retard en France par rapport aux pays voisins par le fait que le gouvernement venait d’implanter à gros frais une forêt de poteaux de transmissions télégraphiques optiques qu’il fallait amortir avant de passer à la technologie nouvelle.
Les objets sont regroupés par famille tout en tenant compte de leur taille de manière à optimaliser l’utilisation de la surface disponible. Ainsi les globes terrestres voisinent avec les pupitres de commande des ascenseurs, les instruments de musique avec les plaques les machines à produire de l’électricité statique et les miroirs concaves avec les premiers ordinateurs. Tout est bien rangé, inventorié et presque sans poussière.
Le musée possède une collection impressionnante de maquettes de machines diverses, des machines agricoles, des locomotives à vapeur, un appareil à simuler les marées, la Fardier de Cugnot, « 1e véhicule à être propulsé appareil à s’être propulsé par la force de son seul moteur », des machines à tisser, des presses à vin et autres merveilles du temps passé.
Les premières bicyclettes ne manquent pas à l’appel, elles n’ont ni vitesses, ni dérailleur et dans les pentes l’idée est de lâcher les pédales et de poser ses chevilles sur un support prévu pour cet effet, au dessus de la roue avant de l’engin.
Aujourd’hui, certains rêveurs qui veulent revenir à une simplicité élémentaire des choses de la vie, ont des vélos sans vitesses, sans freins et sans dérailleur, proprement casse-gueule dans le trafic urbain parisien.
Nous aimons bien cette arrière-cour de musée qui n’en n’est pas un et qui n’a pas la prétention de vouloir nous éduquer à tout prix. Les objets sont entreposés et pas exposés, ils dégagent un potentiel de rêve, absent dans les musées modernes, où l’aspect didactique poussé à l’extrême tue souvent notre imagination.