Le trajet de Paris à la Bourgogne nous émerveille toujours par la beauté de l’Yonne. En remontant la rivière nous avons l’impression de traverser une forêt, ce qui ne devrait pas être une surprise lorsqu’on sait qu’un tiers du territoire du département est boisé.
Nous sommes amarrés le long du quai de l’ancienne Abbaye, au port de plaisance de la société Aquarelle, le port d’attache du Chat Lune.
Nous y retrouvons de nombreux amis dont un couple d’anglais qui habitent sur leur péniche, amarrée à l’aval du pont de la Tourelle, sur la rive droite, le long du quai de l’Ocrerie.
C’est aussi le nom du moulin et de l’ensemble des bâtiments situés dans ce coin perdu de la ville.
Des écrits de l’an IV mentionnent le moulin Petitjean construit dans l’enceinte de l’abbaye de St-Côme et Saint Damien. Plus tard il devient la propriété de l’abbaye St Martin-lès-St Marien où il est connu sous le nom de moulin Brechol.
Au 19e siècle, le 3 juin 1856, Henry Legueux, Joseph Zagorowsky et Léon Parquin, fondent une société qui a pour but l’exploitation du commerce des ocres. L’ocrerie est construite à l’emplacement du moulin Brichoux, propriété de Zagorowski.
Utilisant l’énergie hydraulique de l’Yonne, la manufacture permet le broyage de la matière première. Cette technique rend possible une production de masse à bon marché. Les débouchés sont multiples, papiers peints, siccatifs, toiles cirées, maquillages, cirages, cires à cacheter, papiers colorés des cigarettes Gitane, plastiques, peintures industrielles et artistiques.
Auxerre devient le centre de la transformation de l’ocre en Bourgogne et Brichoux est la plus grande ocrerie jamais construite et exploitée au monde.
Au début du 20e siècle, Bayer met au point l’ocre artificielle à base d’oxyde de fer chimique. Le produit est moins cher que l’ocre naturelle, les marchés des États-Unis et d’Allemagne s’effondrent et l’épopée de l’ocre Bourguignonne se termine lorsque l’Ocrerie Brichoux ferme définitivement ses portes en 1966.
Claude Michel rachète le site en 1970, pour y installer son entreprise de matériaux anciens, elle est gérée aujourd’hui par son fils Jean-François.
Nos amis de l’Izula sont amarrés dans l’enceinte de la propriété, ils nous font le plaisir de la visite des lieux.
Si l’envie vous vient de construire un manoir ou de décorer votre villa avec des cheminées anciennes et authentiques provenant d’un château en ruine, de mettre des gargouilles à chaque coin de votre toiture, d’installer une salle de bain avec des lavabos Art Déco et une baignoire sur pieds, de remplacer vos portes en contreplaqué et le linoléum de votre séjour par du bois en chêne massif, de clôturer votre propriété avec des grillages en fer torsadés, de vous chauffer avec des radiateurs en fonte, de décorer votre cuisine avec des tomettes fleuries et de confectionner vos confitures sur une cuisinière au charbon, venez à Auxerre, Jean-François Michel trouvera votre bonheur dans le dédale des anciens ateliers de l’usine de l’ocrerie ou caché sous la végétation sauvage des emplacements de stockage extérieurs.
Le ciel s’est fermé au dessus d’Auxerre, il tombe un crachin qui mouille, l’automne s’est installé en France.
Le Chat Lune sort de l’eau, il va hiverner dans le hangar d’Aquarelle, c’est la fin de notre saison de navigation, Berlin – Paris – Auxerre.
Quel beau périple!
Il y a comme une mélancolie qui se dégage de votre article – et oui, l’automne s’installe, votre bateau va hiberner, et vous ?
Une nostalgie, oui, revenir vivre à terre nous demande toujours quelques semaines d’adaptation.
Mais nous avons plein de projets que je commenterai au fur et à mesure de mon envie de le faire.