Marguerite Yoursenar, le Mont Cassel et le mois de décembre 2012

Du haut du Mont Cassel, où trône un moulin à vent aux bras peint en rouge, dernier rescapé des 22 autres qui y prenaient le vent, nous admirons le tracé rectiligne de la chaussée romaine qui part vers Paris.

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C’est au pied de cette colline que les milices communales flamandes massacrent en 1302 les chevaliers de Philippe le Bel lors de la batailles des éperons d’or.

En 1328 l’armée française prend sa revanche, taille en pièces les révoltés flamands et Philipe de Valois reprend possession du comté.

Mis en exergue par Henri Conscience, la première bataille figure en Flandre en lettres d’or dans les livres scolaires, la seconde est ignorée, chacun raconte l’histoire à sa façon, ainsi la chronique du monde est au mieux un enchaînement de légendes et au pire, un tissus de mensonges. L’homme préfère les romans aux chroniques scientifiques.

WordPress, le support que j’utilise pour publier mes billets, me suggère de rédiger et de publier un résumé de l’année 2012.

Cet exercice me paraît trop fastidieux, je vais me contenter de faire le résumé du mois de décembre.

Voici en vrac, nos activités plus ou moins culturelles du dernier mois de 2012.

Le musée de Flandre à Cassel offre une exposition dédié à Marguerite Yoursenar. Le fil conducteur est l’Oeuvre en Noir, illustrée par les peintures médiévales, source de l’imagination de l’écrivain.

À la demande de la fille à la réception, je laisse mon appareil photo au vestiaire mais dans une salle de la collection permanente du musée, me voyant seul, je risque une photo avec mon iPhone et je me fait promptement enguirlander par un garde en uniforme qui avait repéré mon acte avec une caméra cachée.

Pour voir les oeuvres exposées, les lecteurs intéressés devront aller à Cassel, l’exposition Marguerite Yoursenar et la peinture Flamande coure encore jusqu’au 27 janvier 2013, la collection permanente vaut également le détour et au sommet de la colline il y a le moulin et la voie Romaine.

À l’instar de la majorité des villes d’Europe, Gand organise une fois par an, la nuit des musées, nous enjambons nos vélos et longeons la Lys direction le centre ville.

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Dans la grande salle de l’étage, sous la voute en bois de l’abbaye Saint-Pierre, les photos en noir et blanc de Robert Capa nous enchantent, témoignages de guerre, souvenir d’amis.

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Au détour d’un couloir, un enchevêtrement de fils tendus sur des poulies, entre des bouts de bois articulés, mus par la gravité d’un filet d’eau versé dans un récipient, ouvre un rideau en tulle qui découvre ce que le présentateur qualifie de l’hommage visuel aux perdants. Les trois jeunes artistes conceptuels souhaitent honorer les femmes et les hommes qui perdent les guerres, sont les derniers aux concours, ratent leur entrée dans la vie, bref les paumés de ce monde.

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Timidement, ils nous offrent un verre d’alcool blanc et nous demandent, presque en s’excusant, notre impression sur leur oeuvre mobile. Nous les félicitons, les remercions pour la collation, vidons nos verres et partons vers le prochain musée.

Avant de sortir de l’abbaye, nous vivons un moment d’émotion devant une petite chapelle où un trompettiste sonne un ‘Last Post’ qui prend aux tripes.

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À l’orée du parc, devant l’entrée du MSK, le musée des beaux arts, nous suivons le cortège de la fanfare Gantoise ‘Van Komen en Gaan’. Les artistes, jeunes, très jeunes et moins jeunes se sont transformés en troubadours moyenâgeux. Dans un désordre plus ou moins organisé, au rythme des tambours et tambourins, suivi par une foule souriante et curieuse, nous pénétrons dans le musée pour assister, dans la grande salle du péristyle, au spectacle offert par la troupe, une version libre de l’expulsion d’Adam et Eve du paradis.

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Nous poursuivons notre périple culturel, traversons la chaussée pour pénétrer dans le SMAK, le musée d’art contemporain, crée par Jan Hoet en 1999 dans les anciennes salles du casino du parc de la Citadelle.

Comme je l’ai déjà souligné souvent, nous aimons l’art contemporain, mais ce soir, de la rétrospective des treize exposés, Wim Delvoye est le seul artiste qui nous fasse vibrer.

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Il nous arrive de rester sceptique à la vue du morceau de savon de Marseille posé sur un béret alpin usé.

Décembre nous a aussi comblé par trois retransmissions d’opéras successives.

La Clemenza di Tito, Un Ballo in Mascera et Aida où l’ukrainienne Liudmyla Monastyrska dont c’est le début au MET, nous a littéralement soufflé par la puissance, l’ampleur et la qualité de sa voix.

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Les puristes nous disent que rien ne vaut le spectacle en salle d’opéra, n’empêche que la retransmission en haute définition sur grand écran, une acoustique remarquable, des sièges confortables et en prime, la promenade en coulisse pendant les pauses, avec les interviews des chanteurs, le ballet du changement des décors et in fine, le moment que je j’adore, lorsque le technicien en chef pose l’index sur l’interrupteur de son micro pour annoncer: ‘maestro to the pit, maestro to the pit’, invitant le chef d’orchestre à se rendre à son pupitre pour lancer la musique, quel bonheur.

La ville de Gand soigne ses vieux et leur offre chaque année un spectacle pour le prix symbolique de 3€. Ainsi dans la salle de spectacle de l’ancienne abbaye de la Biloque, Willem Vermandere, le troubadour Ouest-Flamand régale un public ravi de pouvoir chanter ou humer toutes les mélodies que l’artiste lui offre.

Gand a le bonheur d’héberger ‘Ultima Thule’, un ensemble théâtral de marionnettistes.

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Les poupées de toutes dimensions deviennent acteurs, les acteurs qui les manipulent deviennent personnages, les planches brutes enchevêtrées du décor sont selon le besoin de l’action, terrain vague ou intérieur d’église, une feuille de plastique bleue tendue horizontalement entre deux piquets et mue par un ventilateur électrique simule la mer, il ne faut pas grand-chose pour que notre imagination s’enflamme et que notre cerveau accepte de jouer le jeu de la mise en scène.

La troupe a ressorti 1900, une de leur pièces à succès. C’est une adaptation de la nouvelle ‘Novecento’ d’Allessandro Barricco.

Un nouveau né est trouvé et recueilli par un machiniste dans la cale d’un paquebot. L’enfant grandit à bord, devient pianiste et finit sa vie quelques décades plus tard, avec la destruction du navire, sans jamais avoir mis les pieds à terre.

Un brin de poésie qui oscille entre la mélancolie et le surréalisme.

Enfin au cinéma, dans Argo, nous avons eu peur avec les otages de l’Ayatollah Khomeiny.

Daniel Craig est mon James Bond favori et Brad Pitt est mon tueur de prédilection, tout en douceur.

M. a aimé Anna Karenina, Over the Hill et Jagden.

Voila, dans le désordre, ce dont je me souviens. Janvier 2013 est tout aussi prometteur.

Je souhaite à mes lecteurs une bonne, heureuse et prospère année nouvelle, à l’instar de celle qui vient de se terminer, contrairement aux broyeurs de noir, nous l’avons trouvé belle.

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2 commentaires pour Marguerite Yoursenar, le Mont Cassel et le mois de décembre 2012

  1. Bonjour
    vous revoilà ! On vous croyais perdu pour la blosphère, mais non, et c’est avec plaisir que nous retrouvons vos billets très culturels.
    Nous vous souhaitons une belle année 2013

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