Django Reinhardt est enterré à Samois-sur-Seine, près de Fontainebleau.
Sur le trajet Auxerre-Paris, nous y avons fait plusieurs fois une halte pour la nuit, le long du Quai de la République, face à l’île aux Barbiers.
Une rue pavée en forte pente mène au coeur du village où se trouve dans l’ordre d’importance pour nous, la boulangerie, le magasin de journaux et l’épicier. En remontant les pavés de la rue du Bas-Samois, à main droite, on longe la toiture et le bassin d’un ancien lavoir, remis en état pour le bénéfice des touristes.
Le cimetière se trouve à 100 mètres à vol d’oiseau à l’ouest de la mairie, l’entrée est située sur la Route du Cèpe.
Django Reinhardt s’installe à Samois en 1951 et il y meurt en 1953 à l’âge de 43 ans.
Par amour pour sa musique et par sympathie pour les cimetières, à chaque passage dans le lieu, nous allons dire bonjour au musicien manouche.
Notre chatte Lola, qui fut notre compagne de navigation pendant de nombreuses années jusqu’à son décès à Sens en avril 2010, aimait beaucoup Samois-sur-Seine.
La rue qui longe notre endroit d’amarrage est bordée de villas construites fin du 19e, début du 20e siècle.
La plupart possèdent à l’arrière des jardins assez sauvages séparés par de hautes haies touffues.
Le Chat Lune était le lieu où Lola se sentait en sécurité. Aussi, en cas de danger où lorsqu’elle avait fini de chasser ou d’explorer notre endroit d’amarrage, elle revenait toujours à bord. Il lui arrivait de nous rapporter une proie, ici une souris, un petit rat, un oiseau ou une grenouille selon le cas. Lorsqu’elle revenait bredouille, elle n’avait soit pas pu résister à manger sa proie avant de nous la montrer, soit la chasse avait été mauvaise et la nourriture du bord semblait une bonne solution alternative.
Un midi du printemps de 2008, amarrés à Samois pour le lunch, nous remontions vers Paris, elle disparut dans le jardin de la maison qui faisait face au bateau. Deux heures plus tard, un peu inquiets, nous partîmes à sa recherche. Franchissant le portique d’un jardin, une dame nous fit face et nous dit en souriant, « Votre chatte noire a sympathisé avec les miens ». En effet, au bout de la pelouse, couchée sous le feuillage d’un saule pleureur, Lola faisait la conversation a deux autres félins, « Ainsi tu vis sur un bateau, tu n’as pas le mal de mer? », lui demanda le gros roux.
Nous voyant, elle s’est levée, et sans dire au revoir à ses nouveaux amis, elle nous a suivi à bord.
Samois-sur-Seine reste pour nous, l’endroit où est enterré Django Reinhardt et aussi, le seul amarrage où Lola n’est pas revenue à bord spontanément.
Comme chaque année, la Centrale commémore à la mi-janvier la naissance de Django Reinhardt par une série de concerts baptisés ‘Djangofollies’.
Le clarinettiste américain Evan Christopher, accompagné des australiens David Blenkhorn à la guitare électrique et de Sebastien Girardot à la contrebasse ainsi de anglais Dave Kelbie à la guitare acoustique nous ravissent par leur ‘Django à la Créole’.
L’atmosphère souple et mélancolique du jazz de la Louisiane se marie harmonieusement avec les accords plus structurés de la musique manouche.
Entre chaque numéro, Evan Christopher nous raconte une anecdotes tel que la rencontre à Paris de Duke Ellington avec Django, suite à quoi, le lendemain, ce dernier se réunit en studio avec cinq musiciens du Duke, dont le clarinettiste Barney Bigard, pour enregistrer quelques morceaux, célèbres auprès des connaisseurs.
C’était vendredi soir.
Notre weekend musical s’est poursuit samedi soir avec l’opéra Maria Stuarda de Donizetti, retransmis en direct et du MET à New York.
La mezzo soprano américaine Joyce DiDonato et la jeune soprano sud-africaine Elza van den Heever livrent un combat de géant vocal dans leur interprétation de la confrontation non historique mais plausible, des Deux Reines ennemies. Cette scène qui clôture le premier acte de l’opéra mérite le déplacement, allez tous à New York.
Jamais deux sans trois, ce soir à la Centrale toujours Djangofollies, le groupe français ‘Les Doigts de l’Homme’, accordéon, basse et guitares manouches nous ravit par la virtuosité des artistes et la joie de vivre que le groupe exulte et communique au public.
La chaleur de leur jeu et la créativité de leurs improvisations nous transporte.
La ville est enneigée, nous rentrons chez nous le coeur chaud et un large sourire aux lèvres, la fin du weekend est féerique.
Même si nous n’aimons pas spécialement la musique de Django Reinhard, même si nous n’aimons pas spécialement les chats, (après avoir gardé tout de même le chat de nos filles quand elles sont parties pour les études,) votre article est tout de même touchant !
Nous aussi nous avons découvert les retransmissions en direct des concerts, c’est une bonne chose !