Walter Scott, dit Scotty, était amuseur et ‘con-man’ ou ‘arnaqueur’.
Entre autres choses, il était cowboy dans le spectacle ‘Wild West’ de Buffalo Bill, il organisa et brisa un record de vitesse d’un train à vapeur entre Los Angeles et Chicago mais il excellait surtout dans l’affabulation d’histoires où il expliquait l’origine de sa fortune, fortune qu’il ne possédait pas. N’empêche que pendant les premières décades du vingtième siècle, et dans tout le pays, sa renommée était grande.
Il se vantait d’avoir découvert dans la Vallée de la Mort un filon d’or d’une richesse incomparable et fort de cette découverte fictive, sur la côte est, loin de la Californie, il glana des milliers de dollars auprès d’investisseurs avides de gains faciles.
Un jour il intéressa Al Johnson, un riche homme d’affaire de Chicago et ce dernier, curieux, voulu venir inspecter la mine d’or de Scotty.
Pour freiner l’ardeur de Johnson, Scotty imagina avec ses frères une mise en scène d’attaque armée. Pour faire passer le temps en attentant le passage de la diligence, les compères se soûlèrent, l’attaque fictive tourna au vaudeville et Al Johnson découvrit qu’il n’y avait pas de mine d’or.
Riche et bon enfant, il trouva l’histoire drôle, proposa à Scotty de devenir son guide personnel pour la découverte de l’ouest et les deux hommes se lièrent d’une amitié qui dura jusqu’à leur mort. Al Johnson devint la mine d’or de Scotty.
Le climat sec, la beauté du paysage et la quiétude de Death Valley plurent à Johnson et à son épouse Betty et il fit construire une résidence de vacances dans un des endroits les plus inhospitaliers au monde. Lors de ses explorations avec Scotty il avait découvert, au nord de Death Valley, une oasis avec une source d’eau d’un débit continu de 200 gallons (750 litres) par minute.
Il y fit construire un château; juriste de formation, mais ingénieur dans l’âme, il utilisa une technologie dont les écologistes actuels seraient jaloux. La source d’eau fut utilisée pour produire de l’électricité stockée dans des batteries entreposées dans les sous-sol du bâtiment, des panneaux solaires thermiques fournirent de l’eau chaude et les murs épais protégèrent les résidents des fortes chaleurs du désert.
Al Johnson, richissime au début des années vingt, utilisa les matériaux les plus somptueux pour habiller son hacienda, il fit venir des faïences décorées d’Espagne, du Mexique et du Portugal, du bois exotique d’Asie et il fit planter, arbres, arbustes et fleurs pour créer autour des immeubles un jardin luxurieux.
Les chambres sont magnifiquement décorées, les salles d’eau dignes d’un hôtel cinq étoiles et le château comporte une salle de musique avec un orgue automatisé, car les propriétaires aimaient la musique mais n’en jouèrent pas.
La crise économique des années trente réduit sa fortune et obligea Johnson à ménager son train de vie. Ainsi, toujours accompagnés de Scotty qui faisait partie de la famille, Albert et Betty ouvrirent contre payement, leur demeure à des invités de marque et les Roosevelt, Edward Hoover et autres célébrités de l’époque furent les hôtes de Scotty’s Castle où la beauté de l’endroit, le bon climat, le calme du désert et les récits fantastiques de Scotty leur faisait oublier pour quelques jours, les contraintes de leur vie tumultueuse.
Albert et Betty Johnson moururent dans les années quarante et n’ayant pas d’héritiers, le château devint la propriété d’une institution charitable, ‘The Gospel Foundation of California’. La fondation continua a gérer la propriété comme hôtel de luxe et centre d’attraction, elle maintint jusqu’à sa mort en 1954, Scotty sous sa protection.
Sa tombe est au sommet de la colline qui au nord, surplombe le château.
En 1970 le National Park Service acquis l’ensemble et depuis le château est ouvert au public et attire de nombreux visiteurs, dont nous-même, qui fûmes enchantés par la magie de l’endroit, maintenu en condition parfaite, comme du vivant des Johnson et de Scotty.
Ce dernier avait prédit:
« The Hall of Fame is going up. We’re building a Castle that will last at least a thousand years. As long as there’s men on earth, these walls will stand here. »