Nous quittons Scotty’s Castle en fin de matinée, traversons Death Valley jusqu’à Furnace Creek puis nous piquons vers le sud-est sur la route 190 pour ensuite rejoindre la route 127 qui va nous conduire à Baker, le croisement avec la Interstate 15.
Furnace Creek
Je fais le plein à Shoshone où l’essence est 1$ le gallon plus cher qu’à Three Rivers, ‘territoire indien’, me fait la préposée à la caisse avec une moue fatiguée. Je la complimente sur beauté de l’endroit, sa moue s’accentue, ‘rien à faire ici’, me dit elle, ‘Baker est mieux.’
Une bonne heure plus tard, nous arrivons à Baker où le seul motel ouvert s’appelle Wills Fargo; un aimable chinois nous loue une chambre, il nous fait même un prix, nous sommes les seuls occupants des lieux. ‘Dimanche les gens rentrent chez eux, c’est toujours calme’ confirme-t-il. Propre, peint en blanc, 35 m2, plafond haut, lit King-size, air-co combiné chauffage, 64 $ la nuit. Dans la cour intérieure, une piscine ouverte à l’eau limpide mais non chauffée, attend les visiteurs de l’été.
Wills Fargo Motel
Baker est situé au croisement de ‘l’Interstate 15’ et de la route 127. C’est une de ces villes, nous dirions village, qui s’étend sur des kilomètres le long de la route principale.
L’interstate 15 part de San Diego pour rejoindre Sweet Grass, au nord à la frontière Canadienne, à 1190 miles, soit 1904 km plus haut et 17 heures et 3 minutes plus tard, selon le GPS de mon iPad.
Le lendemain, nous poursuivons notre chemin sur la 127, aussi appelée la Death Valley Rd., la route provinciale qui traverse les déserts Californiens du nord au sud.
Death Valley a la réputation d’être un désert dangereux, en été la chaleur est intolérable, les serpents à sonnettes et les scorpions grouillent entre les roches brulantes, il n’y pas de points d’eau et on s’y perd aisément, avec les conséquences fatales que vous pouvez imaginer, car qui s’y aventure se retrouve seul.
En réalité, les routes sont excellentes et bien entretenues, la signalisation est parfaite, les oasis tel que Scotty’s Castle, Furnace Creek et Stovepipe Wells sont des endroits plein de vie avec la possibilité d’y loger, des restaurants, des magasins et les classiques centres d’information que l’on retrouve dans tous les parc nationaux. C’est un pôle d’attraction touristique et même hors saison, comme maintenant à la mi-mars 2013, nous croisons régulièrement d’autres visiteurs.
En route vers Scotty’s Castle, nous voulions passer la nuit à Stovepipe Wells et nous fûmes accueillis par le grand sourire de la préposée qui nous demanda si nous avions une réservation, car nous dit-elle, ‘Nous sommes remplis toute l’année, il faut réserver au moins trois mois à l’avance’ et elle rajouta, ‘vous trouverez six hôtels Beatty au Nevada, à trente miles à l’est d’ici’, ce que nous fîmes et nous avons passé une bonne nuit dans le Motel 8 situé entre deux casinos.
Stovepipe Wells
Partant de Baker pour aller à Twentynine Palms, au pied de Joshua Tree National Parc, nous devons franchir le Mojave National Reserve, le désert de Mojave.
Le contraste avec Death Valley est frappant, d’une attraction bien organisée, nous traversons, à notre grande satisfaction, un désert sauvage sur des routes dont le revêtement accidenté me fait craindre pour les pneus de la Corolla.
Nous ne croisons aucune voiture, il n’y a pas de constructions, pas d’indications routières, rien que des cailloux, des créosotes, des yucca éparses, parfois un arbre Joshua solitaire.
La route serpente entre des collines, on monte, on descend et on espère éviter une crevaison.
Kelso Dunes
Soudainement, à main droite, nous longeons de hautes dunes de sable jaune et puis, comme par enchantement, surgit une imposante hacienda, toute pimpante, peint dans le même jaune, le toit est en tuiles rouges et les façades latérales sont bordées de colonnades.
Kelso Station
C’est la gare de Kelso, aujourd’hui ville fantôme, dont il ne reste que ce bel immeuble, sauvé de la destruction il y a quelques années et devenu depuis sa rénovation en 2005, le centre d’information du désert de Mojave. Cinq voies de chemin de fer parallèles croisent la route, la gare est encore opérationnelle et les voies rectilignes se fondent au loin dans le désert, vers l’est et vers l’ouest.
La combinaison de l’existence de mines de fer et de borax, les sources d’eau potable et l’emplacement stratégique pour accoler des locomotives supplémentaires aux trains, leurs permettant de franchir les collines de Cima, justifièrent dans les années 20 la fondation de la gare et de la ville.
Dans les années de gloire entre 1940 et 1970, Kelso comptait deux mille habitants. La ville avait la particularité de ne pas recevoir de signal télé – jusqu’à l’arrivée des disques satellites – et la petite histoire veut que les enfants jouaient dehors jusqu’à la tombée du jour pendant que les adultes s’asseyaient pour bavarder; ça me rappelle ma jeunesse à la campagne, à la même époque.
Nous y faisons une courte halte, un camion d’entretien de la voirie nous croise, les ouvriers vêtus de vestes jaunes et oranges nous saluent gentiment.