L’eau monte et notre curiosité aussi, le Zouave du pont d’Alma aurait-il les pieds dans l’eau? L’Yonne est en crue, le Bourgogne est en crue et la Seine est en alerte jaune. Mais le Zouave a encore les pieds au sec, la différence du niveau de l’eau entre la Seine et le port de l’Arsenal est de cinquante centimètres, le temps de la bassinée d’Arletti, le bateau mouche qui fait le va-et-vient entre le canal Saint-Martin et le fleuve, est réduit à quelques minutes.
Un dernier coup d’oeil au pieds secs du Zouave et nous traversons le pont pour admirer, au 29 avenue Rapp, la façade Art Nouveau d’un immeuble élevé par Jules Lavirotte pour le céramiste Alexandre Bigot. Cette façade fut primée au concours de la ville de Paris en 1901. Vingt mètres plus loin, derrière le coin, au numéro 3 square Rapp, se trouve une deuxième maison avec façade Art Nouveau, du même architecte.
Le Paris du Chat Lune passe par la lecture systématique des guides, journaux et autres sources d’information ou par ce que le hasard nous présente.
À ceux qui se donnent la peine de faire quelques recherches, la ville offre de nombreuses activités gratuites. Il y en a des bonnes et des moins bonnes, mais comme ça ne coûte rien, on ne se plaint pas.
Ainsi dans la Chapelle Saint-Louis de l’Ecole Militaire nous assistons à un concert d’orgue, de bugle et de hautbois animée par quatre membres de la famille Matry.
La chapelle est triste, la fille du bugle joue faux et l’acoustique est nulle, les couloirs de la station Invalides où se produit depuis quelques années un chœur Russes lui est largement supérieure. Nous quittons la performance après avoir subi l’Ave Maria de Schubert joué à un rythme endiablé.
Mais c’était gratuit.
Pour rentrer au port, nous traversons le Champs de Mars qui est plus peuplé que la place Saint-Pierre à Rome lors de l’intronisation du pape François. On joue des coudes pour franchir les files d’attente devant les entrées de la tour Eiffel qui par ailleurs ne cesse de nous impressionner, sa structure respire l’ingénieur, elle dégage quelque chose de magique par l’imbrication réfléchie des poutres métalliques, par sa taille et par son élégance.
La ligne C du RER est celle de Versailles et le train qui nous mène d’Alma à Austerlitz est décoré avec des scènes du palais, telle que la Galerie des Glaces et une bibliothèque en trompe-l’oeil.
Un autre jour, pas loin de l’observatoire, dans l’enceinte de la maternité Port Royal et Baudeloque, les portes de l’immeuble sont fermées mais M. découvre un accès de secours qui débouche dans le préau de l’Abbaye du Port Royal. Nous voulions voir la chapelle, mais celle-ci n’a pas de porte de secours et elle n’est ouverte au public que le dimanche matin pendant la messe.
Nos explorations urbaines ne réussissent pas à chaque coup.