À l’écluse Bois Moulu, la numéro 3, celle avant Demange, deux techniciens des VNF viennent nous aider à l’amarrage et nous demandent si nous souhaitons passer le souterrain de Mauvages aujourd’hui encore?
Il est 14:30, ‘non merci, nous allons passer la nuit à Demange’.
‘Alors je vous passerai demain matin à 08:30’ fait le chef des deux, visiblement soulagé.
‘Je vous suivrai à vélo’ rajoute-t-il.
Le toueur de Mauvages à été remplacé par un employé à bicyclette, on arrête pas le progrès.
En effet, le lendemain matin, fidèle au poste et à l’heure promise, nous sommes invités à pénétrer dans le tunnel, nous y allons, le Geertruida en tête et l’agent de service suit sur son vélo en empruntant le chemin de halage.
Will y va plein d’enthousiasme à 10 km/h et à la sortie il rayonne, ‘j’ai battu le record’ nous fait-il, ‘moins d’un demi-heure, avec le toueur on mettait une heure et demie’ clame-t-il.
Plus tard dans la journée nous arrivons à Pagny-sur-Meuse, il reste une place libre mais en poussant un peu nous réussissons également à amarrer le Chat Lune entre deux vedettes Hollandaises dont les propriétaires font la gueule car je les ai forcé à se déplacer de quelques mètres pour me laisser l’emplacement.
Il est bien connu parmi les pratiquant de notre mode de vie, que les plaisanciers Bataves ont un comportement assertif qui frise l’arrogance. Aussi, suivant leur exemple, au besoin, je n’ai aucun scrupule à les bousculer et à m’imposer.
Nous faisons remarquer à Will et Marjan qu’ils sont une exception à cette règle, ‘Nous sommes des Brabançons’, ceci explique cela.
Trois rosiers rouges plantés à 20 mètres d’intervalle décorent le quai rive gauche de l’écluse 20, la septième après Pagny, avant d’arriver à Toul.
Cela me rappelle l’anecdote relatée par Crispian, le vétérinaire Sud-africain avec lequel nous avons sympathisé à Meaux, il y a quelques semaines.
Lors d’une halte sur la Champagne-Bourgogne, il croise un plaisancier dont le chien est malade. Crispian offre sa connaissance et détecte que l’animal est en train de mourir d’une tumeur au pancréas. Le lendemain, en effet, le chien rend l’âme.
Crispian suggère au propriétaire attristé de l’enterrer le long du quai de l’écluse voisine et de planter un rosier sur sa tombe. ‘La plante va s’épanouir et chaque fois que vous passerez l’écluse, les fleurs vous rappelleront votre compagnon.’
Ici à l’écluse #20 d’Écrouves, M. commente: ‘Trois rosiers, trois chiens’.
Mardi en début d’après-midi, nous amarrons le Chat Lune dans le port municipal de Toul et comme convenu avec lui il a quelques jours, j’informe Duncan Flack, le propriétaire mécanicien du chantier Lorraine Marine, # 6 01 85 19 85, de notre arrivée ici.
Deux heures plus tard, il est à bord, démonte la pompe de circulation du circuit de refroidissement du moteur, s’engage à commander un axe de rechange et venir ré-installer l’ensemble jeudi. Il tient parole, jeudi à 14:00, le Chat Lune est réparé.
Comme dans tous les ports, on bavarde avec les uns et les autres.
La coïncidence veut que deux plaisanciers Allemands ont le même problème.
‘Ich möchte weiterfahren, aber meine Frau hat eine neue Küche bestellt und wir müssen nach Hause für einige Wochen’.
Les cuisines neuves se vendent bien outre Rhin.
Heureusement pour les féministes, les propriétaires du Charming Molly ont un problème inverse.
‘Ich möchte gerne nordwärts fahren, aber mein Man will nach die Sonne, im Süden’ fait la dame, un peu attristée.
Nous avons aussi décidé d’interrompre notre croisière en juillet. Le Chat Lune restera à Toul et nous rentrons chez nous, embrasser la famille et participer aux Fêtes de Gand.
On dirait que les Allemands ont déjà la parité ?
Bonne continuation