D’Orconte au canal latéral à la Marne et le Schmilblick des VNF

Il pleut depuis ce matin. Les prévision donnaient une pluie fine en matinée et ensuite une pluie plus intense à partir de midi, cela s’est avéré vrai.

Nous sommes amarrés à La-Ferté-sous-Jouarre, une petite ville à une soixantaine de kilomètres à vol d’oiseau du centre de Paris et à 5 jours de navigation, au rythme que nous avons adopté depuis que nous naviguons en flottille avec le River Pipit.

Contrairement à notre appréhension d’individualistes pathologiques, le co-voisinage avec nos amis américains se passe à merveille. Nous avons trouvé une cadence de marche qui convient aux deux bateaux et aux deux équipages. La vitesse de croisière du River Pipit est limitée à 9 km/h, en avalant la Marne, avec le courant portant, nous avançons à du 10,5 km/h et sur les canaux, comme le Champagne Bourgogne on a fait de l’excès de vitesse car l’allure autorisée est 8km/h.
Tous les matins, nous lâchons les amarres vers 08:30 et vers midi, une heure au plus tard nous amarrons nos bateaux. La Marne ne comporte pas autant d’écluses que le canal, une tous les 10 à 12 km et par conséquent on avance par sauts de 30 à 35 km chaque jour. En plus de cela, tout les trois jours environ nous intercalons une journée de repos.
Les terriens ne s’en rendent pas compte, mais vivre au grand air à longueur de journée et manœuvrer un bateau pendant six heures par jour, ça fatigue et qui veut aller loin, ménage sa monture.
L’autre grand avantage de la navigation en flottille, en plus de l’aspect social évident avec des individus qui partagent les mêmes intérêts culturels, lecture, film, photos, histoire, patrimoine et bateaux, c’est que nous ne cuisinons ‘chaud’ qu’un jour sur deux.
Hier j’ai préparé des boudins de Rethel avec une compote de pommes trouvées le long des berges des écluses et aujourd’hui Genevieve va nous régaler avec des cuisses de canard confit.
À Meaux, où nous serons après-demain ou le sur-lendemain si nous décidons de rester deux jours à La Ferté, nous retrouverons notre ami Gilles, un ami du port de l’Arsenal, chaudronnier de formation, bricoleur de génie, qui transforme un bateau dans le chantier local. Il a vendu son bateau précédent, acheté une épave de péniche qu’il va couper en deux et ensuite la ressouder pour la mettre à une taille compatible avec son emplacement à l’Arsenal.
Paris ce sera pour le 1e septembre. Nous espérons avoir droit à un bel été Indien.

Pour ceux qui s’intéressent à la chronologie de notre croisière, mon précédent billet nous situait à la halte fluviale d’Orconte. Ensuite nous avons fait un arrêt de deux jours à Vitry-le-François, le temps de deux lessives, d’un brin d’avitaillement à l’Intermarché et d’un plat du jour au Grillardin, une brasserie située au coin Nord-Ouest de la place d’Armes.

À la première écluse du canal latéral à la Marne, l’éclusier nous remet une valisette en plastique noire contenant la commande à distance pour les écluses de la Marne et de son canal latéral.

Très fier, il nous explique que le trajet vient d’être modernisé et que nous avons le privilège d’être parmi les premiers bateaux à utiliser le nouveau ‘Schmilblick’ des VNF. L’objet me fait penser à l’invention imaginaire de Pierre Dac, par ailleurs natif de Châlons-en-Champagne où nous allons nous amarrer dans quelques jours. Il décrivait le bidule de la manière suivante:

Le Schmilblick des frères Fauderche est, il convient de le souligner, rigoureusement intégral, c’est-à-dire qu’il peut à la fois servir de Schmilblick d’intérieur, grâce à la taille réduite de ses gorgomoches, et de Schmilblick de campagne grâce à sa mostoblase et à ses deux glotosifres qui lui permettent ainsi d’urnapouiller les istioplocks même par les plus basses températures. Haut les cœurs et chapeaux bas devant cette géniale invention qui, demain ou après-demain au plus tard, fera germer le blé fécond du ciment victorieux qui ouvrira à deux battants la porte cochère d’un avenir meilleur dans le péristyle d’un monde nouveau… »

Le Schmilblick des VNF est un boîtier bleu pale d’une vingtaine de centimètres de haut sur dix de large.
Il comporte un écran et plusieurs boutons de couleur différentes, ainsi que la représentation à petit échelle du panneau de signalisation lumineux des écluses avec les feux rouges, vert et l’orange clignotant. Il est muni à l’arrière d’une lanière noire qui doit permette de le fixer à sa ceinture et d’un cordon jaune pour l’accrocher autour du cou.
La valisette contient deux chargeurs, une pour le brancher sur l’allume-cigare et l’autre pour le recharger sur une prise 220V.
Son fonctionnement est entièrement automatique, toutes les manœuvres de l’éclusage apparaissent sur l’écran ainsi que les instructions à suivre pour réussir l’opération. En prime, un signal sonore averti les usager des manœuvres à exécuter.

L’investissement aurait permis au VNF de financer le dragage des quelques canaux qui en ont grand besoin.

J’ai une sainte horreur de la tendance actuelle des fabricants qui nous prennent pour des débiles et développent des objets usuels avec des instructions détaillées qui insultent notre intelligence.
De manière générale le développement de ce genre d’objet fait aussi partie de l’infantilisation de notre société, une mode qui avec la nouvelle pudeur et la malbouffe industrielle, nous vient d’outre Atlantique.

L’ancienne commande à distance des écluses a la taille d’un paquet de cigarettes, il comporte trois boutons, un pour les bateaux montants, un pour les avalants et un bouton rouge d’alerte. Il est simple à l’usage et l’opération d’éclusage coule de source même pour un touriste fluvial débutant.
En plus de cela, pas besoin de le recharger, les piles fonctionnent sans problème pendant toute la durée du franchissement des canaux concernés.

En matière de simplicité, j’ai déjà cité la remarque d’Albert Einstein dans un de mes billets précédents.

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