Vingt ans peut-être, elle est grande et élancée, en jeans et blouse rouge sans manches, les cheveux bruns coupés à la Mireille Darc des années 60. Elle essaye successivement trois vestons, le blazer léger rouge bordeaux avec de fine lignes bleues renforce son élégance, le manteau court à manches trois quart orange pale a dans le dos un double pli du plus bel effet et la veste demi-saison en laine couleur marrons foncé taille un peu grand. Nous lui donnons nos avis, elle sourit largement et nous remercie, elle aime bien le veston large. Je la complimente et lui conseille d’acheter les trois pièces, les prix sont dérisoires sur le marché de brocante des Amis des Jeunes Chrétiens à Maubert, ce dimanche matin. Marleen paye 2 € pour un ensemble en coton, une jupe et un cardigan bleu et blanc rayé.
Le Métro-News de vendredi dernier publie un article intitulé: ‘Une discussion simple comme un badge’. Alexandre Allouche, un jeune parisien de 19 ans, imagine de créer une communauté de ‘gens prêt à parler dans la rue’. Il imagine de vendre des badges pour signaler aux amateurs l’acceptation d’un contact verbal.
Nous, on adresse la parole aux gens en toute circonstance, pas seulement dans le métro, mais aussi dans les brocantes, les magasins, les musées et en rue. Je ne me souviens pas d’avoir jamais essuyé un refus d’échange verbal. L’être humain est un animal social, il suffit d’un sourire pour signaler que l’approche n’est pas belliqueuse et n’importe quelle conversation s’engage.
Samedi matin, au Circul’livre du 11ème, face à la maison des métallos, rue Timbaud, Marleen prend en main un recueil d’histoires courtes signées Simenon. À côté d’elle, un monsieur en costume cravate fait la mine grise. Marleen lui demande: »Vous vouliez ce livre? » Il sourit et répond: « Je l’ai lu il y a cinquante ans. J’aime lire avant de m’endormir et lorsque j’ai en livre en main, je m’endors au milieu d’une page, alors j’aime les histoires courtes … ». Marleen lui tend l’ouvrage, « prenez-le ».
Il la remercie et demande, « Je paye où? ». Mon épouse lui explique le système des Circul’livres et le monsieur en costume cravate, radieux et originaire de Nancy, quitte la place, son épouse au bras et le bouquin à la main.
Pas besoin d’un badge pour entamer une causette avec des inconnus.
Vendredi soir Zaza et Fabien sont venus dîner à bord. La Bretonne nous a apporté des Kouign Aman et le Chinois, comme on surnomme Fabien, une bouteille de Mirabelle, pour aider à la digestion, souligne-t-il.
Le grand plaisir d’inviter des amis français à partager un repas est qu’il ne faut pas plus qu’une question bien placée pour que la conversation s’engage avec vigueur sur le thème de la politique. Je me souviens de mémorables débats à la veille des élections présidentielles où Sarkosy a battu Ségolène.
Aujourd’hui c’est Trierweiler et Thévenoud et bien entendu Pierre Moscovici qui en prennent pour leur grade. En ce qui concerne François Hollande, « c’est un énarque qui y va de son petit bonhomme de chemin, sans trop se soucier de ce qu’on pense de lui » commente Fabien en il rajoute, « de toute manière, en France, c’est une tradition, les gouvernements de gauche pratique une politique de droite et vice versa », et avec ces sages paroles, tout est dit.
Cette semaine c’est clôturée par la visite d’un intéressant vide-grenier place Maubert. En semaine, nous avons fait la balade de la Sculpture Animalière qui nous a mené du parvis de musée d’Orsay, avec le rhinocéros, le jeune éléphant pris au piège et le cheval à la herse jusqu’à l’âne du parc George Brassens.
Ce soir nos amis Suisses de l’Aquanaut 1300 Arc-en-Ciel viennent prendre l’apéro à bord.
La semaine prochaine nous allons nous payer quelques séances de cinéma.