Carll Cneut est dessinateur. Il illustre des livres d’enfants. Sa plume est précise, ses couleurs sont vives et son monde imaginaire fertile. On voit Bosch, Rembrandt et Maeterlinck. Les dessins sont drôles, parfois mélancoliques et parfois ils portent toute la tristesse de la terre. Les regarder demande une grande attention car l’auteur nous taquine et cache des détails insolites dans le fouillis de ses représentations.
Nous sommes à l’avant veille de la Saint-Nicolas, Gand est en fête, c’est la nuit des musées.
Marleen et moi enfilons des vestes chaudes et le sourire en tête, nous partons à la découverte des expositions. Il est 18:00 lorsque nous verrouillons nos bicyclettes devant le parvis de l’abbaye Saint-Pierre. Une jeune photographe, son Nikon fixé sur un trépied bavarde avec une copine devant l’entrée.
Nous commençons notre périple ici car nous voulons voir les œuvres de Cneut avant que la foule ne se presse dans les couloirs de l’exposition.
Une heure plus tard, émerveillé et les yeux remplis, je me demande si j’ai encore envie d’aller explorer les autres musées que nous avons convenu de voir ce soir.
Je vous livre ci-dessous quelques exemples du travail de Carll Cneut.
Les ‘Love Letters in War and Peace’ du MSK, ne m’enchante guère.
Marleen est plus patiente que moi, je la quitte et pousse une pointe en face, au S.M.A.K. où Berlinde De Bruyckere expose dessins et sculptures. Il est 19:30, il commence à y avoir du monde dans le musée. Je laisse ses dessins pour une visite ultérieure et je me contente d’admirer les deux chevaux suspendus et les corps tourmentés. Il y a longtemps que nous ‘suivons’ les œuvres de Berlinde De Bruyckere. Je me souviens du choc visuel et émotionnel que nous avons éprouvé en voyant le cheval pendu dans les dunes du Coq-sur-Mer en 2003 lors de la première édition de Beaufort. Voir ci-dessous.
Il fait sec et froid, la ville est belle sous son éclairage indirect, j’adore parcourir les rues à vélo, c’est le moyen le plus rapide et le plus plaisant pour circuler à Gand. Pédaler réchauffe et une bonne paire de gants protège mes mains. Il faut parfois chercher un emplacement pour déposer son engin, ce dont se plaint la dame qui me présente celui qu’elle quitte au carrefour de la rue aux Draps et de la rue Jan Breydel.
Je me faufile dans le musée du Design, les visiteurs se pressent à la porte, heureusement que le parcours dans l’immeuble est à sens unique, pas question de faire demi-tour, il faut suivre le rythme du cortège.
Lightopia explore l’évolution du mode d’éclairage, de l’ampoule de James Watt aux ‘led’s’. Notre façon de vivre à été profondément boulversé au fil du siècle écoulé, le musée met en exergue des réalisations actuelles.
Gand est un bel exemple de l’utilisation intelligente de l’éclairage. En 1998, la ville a entamé la mise en place d’un ‘plan lumiere’. Progressivement les points de repère importants, tel que les bâtiments historiques, les plans d’eau, les carrefours et les portes d’accès on été mis en valeur avec un éclairage spécifiquement étudié.
L’office du tourisme distribue une brochure avec un parcours en 26 postes du cœur de la ville. Tous les amis qui logent chez nous y ont droit, ne manquez pas de le parcourir, la promenade dure environ deux heures, c’est une merveille.
Une poignée de jeunes femmes s’apprêtent à pousser la chansonnette accompagné d’un pianiste qui se réchauffe les doigts au moment où je me fraie un passage vers la sortie du musée du Design.
Je longe les quais de la Lys et j’amarre ma bicyclette à un poteau de signalisation à l’extérieur du parking à vélo du STAM, le musée de la ville. Il est 21:00 et la nuit des musées bat son plein, toutes les places réglementaires sont occupées, les cycles s’accumulent aux endroits les plus divers.
A l’intérieur, j’enfile les pantoufles blanches pour pouvoir marcher sur le plan de la ville qui fait office de tapis de sol dans la salle de la maquette de la cité.
Les maquettes sont le thème de l’exposition temporaire.
Les trois tours de la ville et la bibliothèque en brique de Lego blanches font partie de l’exposition permanente. Comme toujours, les visiteurs intéressés peuvent s’installer devant l’œuvre et utiliser les briques amassées en vrac pour créer leur propre constructions.
Dans un couloir, un guide m’aborde et me demande si j’ai volé quelque chose. « Non, je n’ai encore rien trouvé qui rentre dan mes poches ». Ma réponse lui plaît et il me refile un jeton pour une consommation gratuite au bar de la cafétéria.
Sur ce, Marleen m’appelle sur mon portable, elle est encore en ville dans la maison d’Alijn où sont exposés des jouets en caoutchouc qui font « piep ». L’exposition s’appelle ‘The Sound of Piep’.
Mes yeux sont pleins, j’ai assez vu, je bois mon café au bar du STAM et je rentre a la maison.