« Ne restez pas là, c’est un ponton privé, il appartient à un Belge, une tête de lard, il va vous emmerder. Il possède un grand bateau et lorsqu’il rentrera, il vous fera des misères ». Suivant les conseils du plaisancier nous quittons le ponton flottant et nous amarrons le Chat Lune à l’emplacement 17 du port de plaisance de Halluin-Menin.
Le ponton que nous quittons est en Belgique, le long du bras de la Lys, à droite, passé le pont de Menin. La darse avec le port de plaisance de Halluin est situé en face, en France.
À propos du port, le monsieur de bon conseil m’explique que le nouveau maire n’en a rien a faire de l’infrastructure fluviale, il a viré le capitaine du port, les bâtiments sont fermés et seul, un employé de la commune loue pour un prix modeste, un logement dans les prémisses, à condition de jeter un coup d’œil sur le port. « Il se peut qu’il vienne vous demander le prix de la nuitée, mais peut-être pas. »
Nous avons quitté Gent-Leie vendredi matin. Accompagné par un soleil affectueux nous avons parcouru 70 km et franchi deux écluses pour nous arrêter à Menin six heures plus tard.
En route nous avons croisé beaucoup de commerces et des vides nous ont trématé.
Arrivé à Sint-Baafs-Vijve, l’éclusier nous invite à dépasser toutes les péniches en attente pour prendre la première bassinée montante. Ai-je déjà mentionné que les éclusiers sont sympa?
Nous partageons la bassinée avec le ‘Presagio’ un transporteur de gaz de 90 mètres de long déplaçant 2000T et le Filou, un bateau de plaisance Belge qui doit faire 20m sur 6m.
Il est tout blanc et tout brillant, c’est le genre d’embarcation que l’on imagine plutôt à la côte d’Azur.
Pour la manoeuvre des écluses, l’épouse du propriétaire sort l’une après l’autre, une série de défenses bleu nuit, tout aussi brillantes que la coque du navire, pour les ranger ensuite, à la sortie du bassin, dans les supports en acier inoxydable fixés à cet effet sur le pont avant, entre le bastingage et le mât articulé qui lui, est surmonté de multiples antennes et d’un imposant radar.
Je me fais la réflexion que le vaisseau doit appartenir à un riche West-Flandrien, avide d’épater ses amis. Nous le dépassons un peu plus tard, il s’avère qu’il s’arrête à Courtrai.
Après une nuit calme dans le port de plaisance de Halluin, nous nous présentons ce matin devant l’écluse de Menin et nous apprenons qu’elle est en chômage jusque lundi matin 06:00, pour remplacement de la porte aval, nous explique l’éclusier.
Menin ne figurait pas en haut de notre liste des lieux à visiter, mais tant qu’à faire, Marleen repère qu’il y a le beffroi et des casemates à explorer.
L’Atlas des Voies Navigables Belges, un livre que je recommande pour la précision des informations fournies et pour le détail des cartes au 1/30.000, nous renseigne un cimetière militaire Allemand situé à Halluin à deux kilomètres du port.
Pour y aller, nous empruntons la rue principale qui joint Menin au nord, à Halluin au sud de la Lys. La rivière ne forme pas la frontière entre la Belgique et la France, le territoire de Menin se prolonge rive droite sur trois cent mètres environ. La différence entre les deux pays est saisissant. Côté Belge, l’artère qui part du pont, est bordée de boutiques, de restaurants, friteries et magasins de tabac et d’alcool. Nous dénombrons également sept boulangeries dont les comptoirs regorgent de gâteaux et de pâtisseries richement décorées de crème fraîche et de crème au beurre. La foule est dense et joyeuse, les voitures circulent lentement, les clients de pâtisseries font la queue sur les trottoirs. Nous achetons un cramique aux raisins, la spécialité du coin.
La rue est en légère pente et presqu’en haut, l’indication ‘Halluin’ marque la frontière. Soudain tout change. Les quelques magasins sont fermés, à l’exception d’une boucherie Halal et d’un fabriquant de cuisine dont la vitrine est décorée avec des loupiotes LED clignotantes, comme à Noël.
Les piétons sont tous en Belgique et les voitures roulent à vive allure.
Le cimetière militaire Allemand est adjacent au cimetière municipal d’Halluin. Comme toujours, nous sommes frappés par le contraste entre les cimetières militaires des Alliés et ceux des Allemands. Les Britanniques, Français, Américains, Belges et autres combattants des deux guerres mondiales ont des pierres tombales en pierre blanche et souvent des fleurs les décorent, l’ensemble est lumineux. Les sépultures Allemandes sont austères et sombres. Les croix en métal gris foncé sont alignées sur une large pelouse verte, sans aucune autre forme de décoration. Ici à Halluin, deux prairies sont séparées par un petit bâtiment en brique rouge qui recouvre une grande pierre en granit gris, sans aucune inscription. C’est très émouvant.
Le cimetière comporte 1390 tombes chrétiennes surmontées d’une croix et 7 tombes juives surmontées d’une pierre arrondie.
Sur le chemin du retour, dans le cimetière municipal, nous tombons en admiration devant une statue en bronze d’une sensuelle jeune pleureuse.
I always love your descriptions . . . The first of the private pontoon and the last of the German cemetery in this post are vivid. XX
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Dear G, thank you for your kind comment, à bientôt,
G