Carnet de Bord 16/1 – Valenciennes

imageimageLe capitaine du port de Valenciennes a fabriqué un vélo hybride. Le cadre, la roue arrière avec dérailleur, est VTT, la fourche, le guidon et la roue avant sont du type ‘vélo Hollandais’, autrement dit, le diamètre de la roue avant est supérieur au diamètre de la roue arrière.
Il souligne que de cette manière, il roule droit, comme nos amis du nord, c’est très confortable rajoute-t-il.

Le port est flambant neuf, il a été inauguré en mai 2015. L’architecte du projet est certainement un écologiste mais pas nécessairement un spécialiste des ports fluviaux.
Dans les pays nordiques et en Hollande, les bateaux de plaisance ont l’obligation d’avoir à bord et d’utiliser une cuve d’eau noire, pour les terriens, un réservoir à merde.
Interdiction formelle de déverser son contenu dans les rivières et les canaux. Cette obligation n’existe pas encore en France et en Belgique, mais ça viendra et ci et là on commence à voir dans les ports, un équipement de vidange des cuves d’eau noire, des pompes à merde donc.
À Valenciennes, le port est équipé d’une station de pompage centrale et à chaque épi d’amarrage, un tuyau d’extraction est enroulé, en attente du plaisancier consciencieux.
C’est ce qu’on appelle un investissement préventif surdimensionné.
Ça fait sourire, mais cela mis à part, l’endroit est plaisant, bien équipé et l’accueil est chaleureux.

Le capitaine du port nous remet un plan de la ville avec des itinéraires flèches et numérotés.
On distingue le parcours des arts, le parcours des chalands et le parcours mémoire 14-18.
Nous on aime ça, mais comme la liste explicative des numéros se trouve sur un côté du plan et la carte de l’autre, nous allons quêter un deuxième document à l’office du tourisme.
La ville a fait du zèle et la guide nous remet le plan dernier né. Ce nouveau document est bilingue français-anglais et les circuits sont plus étendus et les numéros différents de ceux de notre brochure initiale. On quémande un deuxième nouveau plan.

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On aime bien Valenciennes, la ville a un bon chi, mais le mieux est l’ennemi du bien. Tout comme une station de pompage à eau noire avec un seul tuyau aurait suffit pour un port de la dimension de la ville, les circuits de promenade du premier plan sont plus concentrés et répondent largement au besoins du curieux qui débarque, alors que les nouveaux circuits sont beaucoup plus étendus et ne font que souligner le souci d’exhaustivité de l’échevin du tourisme.

Nous avions une idée préconçue de Valenciennes. On s’attendait à visiter une ville industrielle du nord, un peu abandonnée, grise, sale et morte.
La belle surprise, les rues sont propres, les parcs sont fleuris et bien entretenus, deux lignes de tramways modernes relient le centre aux faubourgs, les monuments historiques ont été rénovés, le centre commercial situé à côté de l’hôtel de ville, est bien achalandé, les jeunes qui sillonnent les rues, le smartphone à la main, rayonnent la joie de vivre.

Même les mendiants ont une certaine classe. Devant la Basilique Notre Dame du Saint Cordon, fermée et entourée de barrières nadar, un monsieur avenant nous explique que la ville a dégagé 26 millions d’euros pour sa restauration. On bavarde, il nous confie qu’il est Belge mais qu’il habite la ville depuis plus de vingt ans. Il rajoute qu’il avait un commerce d’import-export de vêtements de luxe, mais que la concurrence asiatique l’a poussé à la faillite. About d’un moment, il sort un stylo bille de sa poche et avec un grand sourire, nous annonce que pour survivre, il vend des Bics.
Je lui refile une pièce, j’empoche l’objet et nous nous quittons en nous souhaitant mutuellement une belle journée.

Le temps est froid mais ensoleillé, nous restons trois jours ici, on parcoure les circuits flèches en les interprétant à notre manière. Nous visitons entre autre, la bibliothèque des Jésuites qui date du XVIIIe siècle et dans laquelle on peut admirer une exposition des dentelles de Valenciennes.
La ville est réputée pour sa dentellerie dont l’excellente qualité lui conféra au 18ieme siècle, le qualificatif ‘d’inusable’.

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Après rénovation, les musée des Beaux-Arts vient d’être réouvert en 2015. Nous y découvrons deux tableaux signes Hieronymus Bosch. Le gardien de salle nous explique qu’ils n’ont pas été sélectionnés pour l’exposition de Den Bosch, car à l’expertise il s’est avéré que le bois sur lequel les œuvres sont peintes est plus jeune que Bosch. Il s’agit donc de tableau réalisés par l’école du peintre, après sa mort.
Le musée des Beaux-Arts à Gand a eu la même désagréable surprise et l’œuvre que les gantois croyaient de la main du maître, a soudainement chuté en valeur.
Il est ironique de constater qu’une œuvre d’art, que les experts les plus renommés ont pendant des siècles attribué à Bosch, se voit du jour au lendemain, dégradée par la technologie.
On sait pourtant tous que les grands peintres flamands, hollandais et autres, avaient des ateliers et que beaucoup de leurs tableaux ont été réalisés par des équipes d’artistes anonymes compétents, le maître n’y ajoutait que la touche nécessaire à en faire l’œuvre universellement reconnue comme géniale. Il est tout aussi évident qu’après la disparition du maître, les mêmes équipes ont continué à peindre ‘à la mode de’ et que par la suite, les experts s’y sont trompés, volontairement ou involontairement.
La griffe vaut son pesant d’or et les meilleures Breitling fabriquées en Chine sont inexorablement passées au rouleau compresseur lorsque les garde-frontière mettent la main dessus.

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Nous, on a bien aimé les deux tableau de Bosch du musée des Beaux-Arts de Valenciennes. Si notre curiosité ne nous avait pas poussé à nous inquiéter de savoir pourquoi ils n’avaient pas été prêtés à la grande exposition de ‘s Hertogenbosch, je n’aurais pas écrit les commentaires ci-avant.

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2 commentaires pour Carnet de Bord 16/1 – Valenciennes

  1. Heureux de vous lire et de vous voir à nouveau sur le bateau. Bon voyage.
    Siegfried
    @vagalbond

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