À la jumelle, Marleen observe un cargo porte-containers qui au loin se dirige vers nous. « On dirait qu’il rase les rouges, il devrait arborer son carré bleu. »
Cette boutade est destinée exclusivement aux plaisanciers.
Nous traversons la ‘Westerschelde’, le bras de l’Escaut qui relie Anvers à la mer du Nord.
Il fait un temps magnifique, pas un nuage dans le ciel bleu, peu de vent, on dirait un lac.
Le trafic commercial est aussi intense que sur le Rhin avec la différence que les bateaux sont des cargos de mer et que le chenal fait deux kilomètres de large. J’ai tenu compte des marées et nous quittons l’écluse de Hansweert deux heures après marée haute, comme sur le Rhin, notre vitesse au sol est de 15km/h, un courant de 6 km/h nous pousse gentiment vers Terneuzen.
Demain nous serons à Zelzate, notre port d’attache, ce sera la fin de notre croisière 2016.
On est mélancoliques.
Je reviens en arrière.
Le 27 septembre dernier, nous avons quitté Emmerich pour Nijmegen. C’est est le premier port Hollandais où nous accostons. Peu avant d’y arriver, le Rhin se sépare en deux et change de nom. Le Waal au sud et le Lek au nord. Le traffic commercial est toujours aussi intense mais le Waal est moins large que le Rhin et la prudence s’impose.
La ville de Nijmegen est construite sur une colline qui surplombe la rivière. Les Romains avaient déjà compris sa position stratégique et ci-et-là un pan de mur témoigne de leur présence ici, il y a 2000 ans. S les ont suivi.
Nous bavardons avec une guide de l’office du tourisme qui distribue des prospectus dans l’ancienne chapelle de Saint-Nicolas du château de Barbarossa, dont les ruines dominent le port.
Elle est Parisienne d’origine et il y a quelques décades, elle a épousé un médecin néerlandais. Depuis lors, elle habite Nijmegen. Le pavillon français du Chat Lune est le catalyseur d’une conversation sympathique.
De Nijmegen nous allons en deux étapes à ‘s Hertogenbosch. Le port de plaisance ‘De Waterpoort’, est situé au cœur de la vieille ville. Situé le long du Dommel, l’accueil est chaleureux et il est bien équipé.
Nous y restons une petite semaine et profitons de l’occasion pour passer deux jours chez Will et Marjan, comme je l’ai expliqué dans mon précédent billet.
Den Bosch est la ville de Hieronymus Bosch, on le saura. Cet été, la ville a organisé une rétrospective des œuvres du peintre. Les musées du monde entier ont accepté de prêter leurs tableaux pour la (courte) durée de l’exposition. À l’heure actuelle, le musée de la ville offre à nouveau aux visiteurs les reproductions des originaux.
Bosch, en reproduction, c’est pas trop notre truc, par contre nous tombons par hasard sur le week-end porte ouverte des artistes locaux. Le guide en main nous marchons d’une maison particulière à des ateliers communs, souvent situés dans les locaux désaffecté d’anciennes écoles ou de bâtiments administratifs appartenant à la ville.
En une journée nous visitons plus de 50 artistes, sculpteurs, peintres et concepteurs divers. Des amateurs et des professionnels. À ma surprise, pas d’aquarellistes. J’en conclu être le seul à tremper mes pinceaux dans l’eau.
J’ai déjà parlé de Heusden, mais pas encore de Yerseke.
Samedi, le 8 octobre vers midi, nous amarrons le Chat Lune dans le ‘Princes Beatrix haven’ au cœur du paradis des moules et des huîtres de Zélande.
La capitainerie me fournit un journal publicitaire qui comporte un plan avec un parcours fléché de 15 restaurants et brasseries qui tous vantent la qualité de leur produits de mer.
Nous choisissons le ‘Viskêête’ situé en haut du port. C’est à la fois un restaurant et un magasin.
Nous optons pour la simplicité, deux fois 9 plates 4-0, un verre de blanc et une eau minérale.
Un délice. On rentre au bateau avec des maatjes et une anguille fumée, pour plus tard.
Sur un banc de sable, en face de l’entrée du port, un bateau de plaisance attend la marée haute pour se renflouer, le skipper a du confondre les rouges et les vertes en rentrant au port.