J’ai toujours en tête la traversée de la Westerschelde, le ciel bleu, la mer calme et de la même couleur, quel bonheur.
Il y a de cela presqu’un mois.
Depuis lors, le Chat Lune repose sur ses béquilles dans un des hangars de Carron Marine à Zelzate. Avec Diederich, le mécano du chantier, j’ai procédé à l’hivernage du bateau. Anti-gel dans toutes les conduites d’écoulement, ainsi que dans le circuit de refroidissement primaire du moteur. Vidange du chauffe-eau, et tant qu’elle était chaude, vidange de l’huile moteur.
Ça ce passe comme suit, Diederich fait le travail, moi j’observe et à l’occasion, je lui passe un torchon pour qu’il s’essuie les mains.
Il y a une décade, Brian troque la restauration pour l’entretien et le nettoyage de bateaux.
Une partie de sa clientèle se trouve chez Carron Marine.
L’année dernière je lui ai confié le polissage du Chat Lune. Sorti de ses mains, notre bateau brillait comme fraîchement livré par le chantier de Maasbracht.
Cette année-ci, je charge le sympathique artisan d’un nouvel entretien.
L’histoire de Brian est simple. Il gère un restaurant et pour ses loisirs, il navigue avec un bateau qu’il soigne avec beaucoup d’amour. Ses amis, voyant le beau travail, lui confient l’entretien de leurs bateaux.
De fil en aiguille, un jour, notre restaurateur change de métier. Il abandonne ses fourneaux pour se consacrer entièrement à une autre forme de restauration.
Quelques semaines avant de terminer notre saison de navigation, je nous avais inscrit à la visite guidée du chantier de la Gare Saint-Pierre à Gand.
Elle a lieu le dimanche 16 octobre.
Le premier coup de pelle à été donné il y a 10 ans et la fin des travaux est prévue pour 2025.
En bref il s’agit, sans interrompre le traffic ferroviaire, d’élever sur pieux, les 12 voies qui reposent sur un talus de terre. Les volumes ainsi dégagés sous les voies, seront consacrés à deux étages de parkings souterrains pour autos et vélos. Le rez-de-chaussée deviendra une zone de passage avec une gare d’autobus, une gare de tramway, un point taxis, des boutiques, des restaurants et des lieux de rencontres.
À l’heure actuelle, les voies 12, 11 et 10 ainsi qu’une partie des parkings, sont terminés et opérationnels.
Le guide nous explique fièrement que les nouveaux quais ont un code couleur. Des loupiotes de la même teinte clignoteront à l’arrivée du train. Ainsi, les voyageurs, même attablés dans les bistros environnants, pourront à distance être informés de l’urgence de vider leur verre.
On retombe en enfance à la SNCB.
Une amie de Marleen vitupère contre Fernand Huts. Elle estime que les gens riches ne doivent pas étaler leurs possessions, aussi elle refuse d’aller voir la belle exposition du Caemersklooster à Gand.
Huts est un entrepreneur Anversois qui a transformé la petite entreprise familiale héritée de son père en société multinationale. Érudit et amateur d’art, il crée la fondation Phoebus consacrée au financement de projets artistiques.
Pour revenir à l’amie de Marleen, une pensée de Pierre Dac me traverse l’esprit.
‘Celui qui part de rien pour arriver a pas grand-chose, n’a de merci à dire à personne’.
Je me dis qu’à l’inverse, ‘Celui qui part d’une petite chose pour en faire une grande, a droit à de l’admiration et des remerciements’.
Dans le Caemersklooster, l’ancien couvent des Carmes, Ferdinand Huts, au travers de Phoebus a financé ‘Entre Dieu et l’Argent’, une exposition sur l’âge d’or des Pays-Bas Méridionaux.
Voir http://www.caermersklooster.be/fr/exposition-entre-dieu-et-l%27argent
Nous apprécions d’autant plus cette exposition que le hasard veut que nous venons de terminer la lecture du dernier livre de Geert Mak, ‘De levens van Jan Six’.
L’âge d’or de la Flandre se termine en 1585 par la chute d’Anvers. Les protestants fuient vers le nord pour s’installer à Amsterdam et dans les 7 provinces des Pays-Bas qui viennent de se libérer du jouq du catholique Philippe II.
La première partie du livre de Geert Mak relate l’âge d’or d’Amsterdam, période qui commence là où se termine celle des Flandres.
Nous enrichissons notre connaissance des deux siècles successifs de la richesse de nos plats pays.
La SNCB plutôt que la SNCF à Gand !
Merci pour la correction, à force de vivre plusieurs mois par an en France…