Mon précédent billet se termine à la sortie de Bar-le-Duc, lorsque à 09:00 du matin, le pontonnier de service actionne les deux ouvrages d’art pour nous laisser passer, ensemble avec le ‘Kees en Elza’, un Kent 31 Hollandais, baptisé des prénoms de leur propriétaires.
Nous faisons trois écluses ensemble et puis on décide de se séparer car en montant, les manœuvres d’amarrage à deux dans un bassin, sont souvent laborieuses.
En début d’après-midi nous frappons nos amarres au ponton flottant de la darse de Ligny-en-Barrois. Nous connaissons la ville pour s’y être arrêté à trois reprises dans le passé.
Pour information, le Lidl est à 1km en aval du port, le Carrefour ainsi que le lavoir automatique, à 1,5 km en amont. Marleen fait une lessive.
Sur la place, le restaurant le Cheval Blanc, sert toujours un menu complet, entrée, plat et dessert pour 14€. Ce mardi, une salade de crudités, du foie de veaux aux échalotes et un tarte maison aux amandes.
L’office du tourisme recommande une visite fléchée des curiosités de la ville. Mais comme on dit en anglais, ‘Been there, done it’.
Depuis Vitry-le-François, nous naviguons sur le canal de la Marne au Rhin.
Notre ami Bob, érudit historien humoriste, je vais le faire rougir mais il mérite largement ces qualificatifs, m’inspire pour donner un bref aperçu de l’histoire de cette voie d’eau.
C’est 1838 que le gouvernement français pris la décision de construire un canal pour relier Paris à l’Alsace et l’Allemagne. Long de 314 km, son relief varié impose la construction de 178 écluses et le percement d’un tunnel de près de 5 km de long, à Mauvages. Ce dernier est construit de 1841 à 1946.
À la même époque, la France couvre son territoire de voies ferrées et en 1844, l’ouverture de la liaison Paris-Strasbourg interrompt la construction du canal.
Heureusement pour nous, les plaisanciers, les tarifs excessifs appliqués par les compagnies de chemin de fer, remet le projet sur les rails, si j’ose dire.
La section Vitry-le-François – Nancy est ouverte le 2 novembre 1851 et la section Nancy – Strasbourg en octobre 1853.
Le traffic est important, le charbon des houillères de Lorraine va vers Paris et les céréales de Champagne vont en Alsace.
Après Sedan, l’est du canal tombe sous la domination allemande et ce, jusqu’en 1918.
La première guerre mondiale terminée, la France récupère son canal et le Marne-Rhin connaît un regain de prospérité qui dure jusque dans les années 60. À partir de là, le déclin s’installe pour ne laisser aujourd’hui, qu’une poignée de Freycinets céréaliers.
Malgré cela, jusque vers la fin du siècle passé, le canal reste bien entretenu. Les écluses sont automatisées et en 1967 on construit le plan incliné d’Arzviller. Il remplace un escalier de 17 écluses, la différence de niveau est de 45m. Nous allons avoir le plaisir de l’emprunter dans les jours qui viennent.
Charles de Freycinet est l’ingénieur et homme d’état qui par une loi programme du 5 août 1879 établit les normes des écluses. Les sas ont une dimension de 39 m sur 5,20 m ce qui permet le passage de bateaux de 38,50 m sur 5,05 m avec un déplacement de 300T à 350T selon le mouillage. Par conséquent, les bateaux de commerce que nous croisons sur le canal s’appellent des Freycinets.
Aujourd’hui, sur tous les canaux à petit gabarit, comme le Marne-Rhin, les Freycinets ont fait place aux bateaux de plaisance. Les chiffres sont parlant. En 1969 le plan incliné d’Arzviller passa 5788 commerces, en 2004 il n’en eut que 284.
Les plaisanciers s’en réjouissent, car les bateaux de commerce sont généralement lent et encombrent notre bonne marche.
Par contre, les VNF, (Voies Navigables de France) voient leurs resources fondre et l’organisation coupe dans les dépenses.
L’entretien des canaux et des œuvres d’art est réduit au minimum, on répare ce qui est cassé.
Nous naviguons dans de l’archéologie industrielle.
Après Ligny-en-Barrois, nous faisons halte à Toul.
Au Bar de France, sur la place des Trois Évêchés, nous dégustons un tartare frites et rue de Lattre de Tassigny, à la boucherie La Centrale, nous achetons deux tomates farcies. Je recommande les commerces cités pour la qualité de leurs produits.
Au port de France, c’est le nom de la Halte de Plaisance de Toul, la ville à organisé La Nocturne du Port. Un marché artisanal et l’orchestre STANLOR, une dame au piano, une batterie, un accordéoniste-guitariste et un trompettiste-guitariste, tous chanteurs, nous régalent avec de la musique de guinguette. Une vingtaine de dames, visiblement membres du club de danse de Toul, montrent leurs talents. La bière artisanale et les produits fermiers se vendent bien. La fête se termine à 22:15, on aime.
Le lendemain, nous partons à l’aube, c’est-à-dire, à 09:00, heure d’ouverture des écluses, pour nous amarrer à Liverdun, dans un bras mort de la Moselle, à un ponton métallique, pouvant accommoder quatre bateau, au calme, en pleine verdure entourés d’arbres ombrageux. Nous bousculons un tantinet deux jeunes pêcheurs mais Marleen joue du charme et elle les apprivoise en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Vous êtes la plus belle grand-mère que nous connaissons, bisous, bisous.
Pendant la sieste, nous sommes réveillés par une musique assourdissante qui vient d’un bâtiment cachés dans les arbres, de l’autre côté de la rivière. Par internet, je repère le Val-Fleuri. Au téléphone, le préposé me signale que la salle est louée ce soir pour un mariage et que oui, il aura de la musique, sur la terrasse qui fait face à l’eau.
Nous lâchons les amarres et allons passer une nuit calme, le long du quai, à Champigneulles, à 6 km et deux ponts levis de Nancy.
Ce matin dimanche à 10:00, le 9 juillet 2017, nous frappons les amarres du Chat Lune au port de plaisance de Nancy.
N’oubliez pas de lire les billets de notre ami Bob, https://rdgt.wordpress.com