Ce matin nous avons quitté Rotterdam pour visiter le musée Louwman à La Haye.
C’est un temple dédié au « Dieu Auto ». Nous n’avons jamais vu de musée automobile aussi luxueux, l’immeuble est un Taj Mahal en brique rouge et la qualité de la collection dépasse les descriptions. Le parcours fléché commence au 2ème étage avec des ancêtres placés derrière verre, dans des loges peintes en noir. Plusieurs modèles sont restés dans leur jus, pas de peinture neuve, ni de recouvrements en cuir refaits, le cachet est remarquable.
Le regroupement est fait par familles, voitures électriques, les voitures à vapeur, les modèles bons marchés, les voitures utilisés dans des films, tel que l’Aston Martin de James Bond.
La visite se termine au rez-de-chaussée avec les fleurons de la collection, les Rolls des Maharadjahs, les Talbot-Lago et autres Bugatti’s.
N’en déplaisent aux détracteurs et aux trop verts, l’automobile fait partie de nos gènes.
« Happy-go-Lucky » (joyeusement insouciants), c’est ainsi que Marleen qualifie le couple et leur fille, gérant du Camperplaats Den Haag. Je me présente par téléphone et la large grille métallique nous ouvre l’accès à un vaste terrain vague, sans arbres. C’est rustique, la réception et le bloc sanitaire sont en contreplaqué marin et en Gyproc. Les joints intérieurs sont recouverts d’un enduit blanc, ils attendent les couches de peinture. Mais l’ensemble est propre et tout fonctionne. Les gérants se présentent en nommant leurs prénoms, on se serre la main, l’ambiance est familiale. Le mari nous accompagne jusqu’à l’emplacement choisi et nous aide à la manœuvre.
Nous passons ici une nuit calme et reposante.
Le lendemain matin, on serre la pince à toute la famille. Oui, on a bien dormi, non, le bruit de l’autoroute ne nous a pas gêné, et oui, on remplira le questionnaire de satisfaction. Quinze kilomètres plus loin on se parque Zeesluisweg, dans le port de Scheveningen, à un quart d’heure à pied du Gemeentemuseum où nous attendent deux expositions.
Max Liebermann est un de nos peintres favoris. C’est des grands peintres Allemands, réputé pour avoir introduit l’impressionnisme dans son pays natal. Né en 1847 dans une famille juive aisée, il mourut en 1935, deux ans après la prise de pouvoir de Hitler. Ses biens furent confisqués et son épouse Martha se suicida en 1943, peu avant sa déportation prévue pour le camp de concertation de Theresienstadt.
Lors de notre séjour à Potsdam en 2010-2012, nous avons eu l’occasion de visiter leur villa située le long de la Wannsee près de Berlin.
Liebermann aimait voyager et il vécut quelques années à Paris. La Hollande était également un de ses pays de prédilection et l’amitié qui le liait à Isaac Israëls le conduisît souvent à Scheveningen, comme en témoignent de nombreux tableaux des plages de la ville balnéaire.
Jean Brusselmans est d’un tout autre registre. Pauvrissime, il ne fut reconnu qu’après sa mort à l’âge de 68ans en 1953. C’est un artiste singulier qui ne vendit presqu’aucun tableau de son vivant. Son épouse Marie Frish mourut en 1943 des suites du froid et des privations. Il peint à grand coup de pinceau, ses traits sont rectangulaires. J’aime sa signature, grande et toute en rondeur.
À La Haye, comme presque partout ailleurs, les musées sont fermés le lundi. Le Mauritshuis fait exception et nous en profitons. Renommé pour héberger les plus belles peintures néerlandaises de l’âge d’or, on peut y admirer « La Jeune Fille à la Perle » et la « Vue de Delft » de Vermeer, la « Leçon d’Anatomie » de Rembrandt, le « Chardonneret » de Fabritius et le « Taureau » de Potter.
L’annexe du musée offre une exposition temporaire consacrée aux tableaux bibliques de Jan Steen, connu pour l’humour qu’il distille dans ses œuvres.
Nous terminons la journée par une ballade sur le « Pier de Scheveningen ». La digue est une succession de casinos, baraques à frites, brasseries, salles de jeux. Au bout de l’estacade, les pieds dans la mer, une grande roue tourne lentement, quelques visiteurs se présentent à la caisse. À côté, une tour métallique affiche « Bungy ». Une nacelle pend au bout d’un bras de grue, dans l’attente des amateurs de sensations fortes.
En comparaison, la côte Belge nous paraît être une perle d’élégance balnéaire.