Paris 8 – 18 – 21 Jean-Jacques Henner, Vaux-Le-Vicomte, le gnomon et les OFNI’s

Souvent, à Paris en fin de semaine, le peuple français vénère ses Dieux. On y voit passer de long cortèges de croyants qui en cadence, crient et hurlent leurs dévotions. Ils brandissent des pancartes sur lesquels je devine des incantations diverses. Ils sont accompagnés et protégés par leurs soldats. Ceux-ci, vêtus de noirs, sont casqués et armés de longues massues. Leur torse est protégé par un bouclier transparent et ils rythment les prières des dévots par de longs coups de sifflet. 

Voilà ce que j’écrirais dans mon carnet de note, place de la Bastille, si j’étais un anthropologue fraîchement débarqué d’une planète étrangère.

Mais Paris serait triste, sans les manifs.

Ce dimanche, dans le port de l’Arsenal, une manifestation différente met en joie les plaisanciers et les badauds. Comme tous les ans, le Yacht Club organise la course des OFNI’s, Objets Flottants Non Identifiés. Les amateurs sont invités à construire des « bateaux » avec tout ce que leur imagination leur fournit comme objets et idées flottantes. La course a lieu sur un plan d’eau balisé près de la Bastille. Trois manches déterminent l’engin qui n’a pas coulé et qui a le premier à franchi la centaine de mètres du parcours.

Le groupe de percussion Drumbata, une dizaine de jeunes filles armées de tambours et de grosses caisses, anime la fête. Le soleil brille, le rosé est frappé, on rigole, on applaudit et on encourage les concurrents, l’été est fête à l’Arsenal.

La semaine passée nous avons découvert le musée Jean-Jacques Henner, situé dans un hôtel particulier du XIXe siècle, au 43 avenue de Villiers. Aux tableaux du maître, nous préférons les œuvres d’Eugenie Alméras, une jeune artiste qui pour ce faire, a vécu quelques mois dans l’atelier qui surplombe le jardin d’hiver de la maison. Elle a choisi d’exposer ses tableaux et dessins entre les peintures de Henner, les uns rappelant les autres.

Lorsqu’il s’invita chez Nicolas Fouquet à une fête au château de Vaux-le-Vicomte, Louis XIV a déjà condamné Nicolas Fouquet. Cette nuit-là, manipulé par Colbert, le Roi a déjà décidé de jeter Fouquet en prison.

Aussi, après la visite des lieux et du parc, le repas préparé par Vatel, la représentation théâtrale de Molière, les feux d’artifice, le Roi décline l’invitation de passer la nuit dans la suite royale que le Vicomte a préparé pour lui et il retourne à Fontainebleau. Trois semaines plus tard, d’Artagnan et ses mousquetaires arrêtent le Surintendant des Finances à Nancy. Faussement accusé par Colbert de s’être enrichi au dépend du royaume, le tribunal le condamne au bannissement mais le Roi commute la peine en une réclusion à perpétuité. Nicolas Fouquet est emprisonné dans la forteresse de Pignerol dans les Hautes Alpes où il meurt 20 ans plus tard, âgé de 65 ans.

Au fil des années qui suivent son emprisonnement, le château est vidé des œuvres d’art du Vicomte. Il change quelque fois de propriétaire. 

Le 15 juin 1875 le richissime raffineur de sucre et amateur d’art Alfred Sommier achète le château  et décide de le rénover pour préserver cette « œuvre d’art globale ». 

Aujourd’hui, restauré et meublé, le domaine est toujours entre les mains de la cinquième génération de la famille.

La société de gestion occupe 70 employés, le chiffre d’affaire annuel est de 8 mio € et le château reçoit 300.000 visiteurs par an, dont Marleen, Geneviève et moi, ce mercredi après-midi.

Pour plus de détails, prenez le train P à la Gare de l’Est jusque Verneuil l’Étang où une navette vous conduira jusqu’aux grilles du Château de Vaux-le-Vicomte. 

Le 21 juin 2018 à midi GMT, soit à 13:52 heure de Paris, le soleil est à son zénith et un rayon pénètre par une loupe fixée dans un des vitraux sud de l’église Saint-Sulpice. La tache de lumière elliptique ainsi crée, frappe le centre de la plaque carrée en marbre indiquant le solstice d’été. 

C’est ce que nous venions admirer.

Arrivés sur place un quart d’heure avant l’événement, un guide de passage nous signale que lors de la réfection récente du vitrail, la loupe a été obstruée par une planchette et que cet été, le rayon du soleil ne pénétrera pas dans l’église.

La déception est grande mais cela nous donne une raison de revenir à Paris en juin 2019.

Le soir du même jour, le monde fête la musique. C’est 1976 que le musicien américain Joël Cohen, qui a l’époque travaillait pour France Musique, lança l’idée de célébrer les solstices en musique. L’idée fut reprise par Jack Lang et à l’heure actuelle cette fête s’est entièrement mondialisée.

Dans Paris, des centaines d’orchestres, des DJ et des chorales diverses se produisent en rue et en salle.

En rue, j’ai l’impression de parcourir la fête des décibels. 

Au port de l’Arsenal, le DJ de la place de la Bastille et celui du Pont Morland se font une concurrence, on entend l’un ou l’autre selon que nous ouvrons les hublots bâbord ou tribord du Chat Lune.

Marleen choisit d’aller au Parvis du Mémorial de la Shoah, écouter de la musique Kletzmer.

Je flâne dans le marais, d’un orchestre et d’un DJ à l’autre. L’utilisation intempestive d’une amplification trop forte me gêne. Dû à l’âge, j’ai une légère perte auditive aux deux oreilles, je me fais la réflexion que je devrais me réjouir des volumes élevés.

Marjan et Will, nos amis Hollandais sont arrivés au port de l’Arsenal mardi avec leur bateau, le Geertruida. Nous nous faisons un plaisir de leur faire découvrir Paris.

La semaine prochaine, nous allons voir l’axe majeur. 

 

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