
Au droit de Egersund, les vagues qui traversent la Manche rencontrent celles qui viennent du nord de l’Ecosse. À leur point de rencontre, elles se neutralisent et la marée est nulle. C’est le point amphidromique de la marée. Grâce à ce phénomène, les maisons en bois et les abris à bateaux de Egersund sont les mieux conservés de Norvège.

On apprend ça en lisant les panneaux explicatifs placés dans un parking à quelques kilomètres de la ville côtière.
Nous poursuivons notre remontée vers le Nord en longeant la côte ouest par la route 44.
À Feda, le long du Fedalfjorden on s’arrête au Svindland Camping. On y reste deux nuits, le temps pour Marleen de faire quelques lessives. Les machines tournent, il pleut des cordes toute la journée, notre intention de nous promener tombe à l’eau, si j’ose dire.

De la roulotte nous avons une vue sur le petit lac qui borde le camping. Lorsque nous sortons pour aller mettre le linge de la machine à laver dans le séchoir, un canard solitaire vient nous saluer. La propriétaire du camping nous s’explique qu’il est arrivé ici il y a trois mois, peut-être abandonné par un campeur de passage. Tout le monde sait que le pain est mauvais pour les canards, aussi le mari de la dame s’est empressé d’acheter 25 kg de nourriture pour poussins, qu’elle lui sert tout les soir dans une écuelle. Les pattes dans le lac, le canard picore quelques graines, lève le bec, le trempe dans l’eau et avale la bèquetée.
La dame est inquiète pour l’hiver. Je le mettrai dans ma grange, nous confie-t-elle.
Notre itinéraire nous conduit à Stavanger. C’est la troisième plus grande ville du pays, la capitale de l’industrie off-shore.

Le trafic est fluide, n’empêche que nous tournons en rond pour trouver un emplacement de parking. On se gare près du Musée du Pétrole, dans le port, au pied de la vieille ville. Le Silhouette, un gigantesque bateau de croisière a dégorgé ses milliers de passagers, le tourisme de masse n’est pas notre tasse de thé.
Quel contraste avec Varhaug où nous avons passé la nuit précédente, seuls le long de la mer du Nord, en face d’une chapelle entourée d’un vieux cimetière. Reconstruite dans les années ´50, elle est située sur un lieu de culte qui remonte à 1328.
Pendant quelques heures nous parcourons la vieille ville, ses maisons multicolores en bois, ses boutiques à touristes et son MacDo. Ensuite on reprend la route. Plutôt que de contourner le Boknafjord par la route et les tunnels, notre guide français recommande de prendre à Randaberg, un ferry pour l’isle de Karmøya, dont il dit beaucoup de bien.
Nous suivons son conseil et sans vérifier le trajet, j’embarque la Roulotte sur le bateau. Par curiosité, je demande au conducteur qui vend les tickets de la traversée, pourquoi les gens prennent le ferry plutôt que le tunnel. Il se fend d’un grand sourire et nous explique qu’on s’est trompé de ferry et que depuis 2013, Karmøya n’est plus accessible par bateau et que celui sur lequel nous naviguons, ne va pas à Karmøya mais fait un vas-et-vient vers l’isle de Kvitsøy.
Il rajoute, en se marrant de plus belle, mais vous pouvez revenir avec nous dans l’autre sens, sans payer.
On s’offre une croisière de deux fois 45 minutes pour 49€. La mer est houleuse, on tangue à l’aller et on tangue et on roule au retour. Nous faisons la traversée sur le gaillard avant et on se remplit les poumons d’une bonne brise fraîche, le Chat Lune nous a procuré un bon pied marin.
Au retour de notre excursion, on s’enfile dans les tunnels et on prend un autre ferry jusqu’à l’isle de Bokn. La traversée est courte, mais nous suivons l’exemple des conducteurs de camions qui se précipitent vers la cantine pour ingurgiter en vitesse un bœuf stroganoff avec du riz et une saucisse, purée de pommes de terre. Le café est compris dans les plats du jour.
Le parking du port de Føresvik sur l’isle de Bokn est un endroit idéal pour passer la nuit. Nous trouvons souvent un emplacement sur les quais des ports. Parfois, ils sont payants mais ils offrent des sanitaires et de l’électricité.

À Føresvik c’est un simple parking sans facilités.
Les paysages que nous traversons sont spectaculairement beaux. Les lacs et le fjords se succèdent. Forte de ses 170 CV, la Roulotte gravit des cols, descends les vallées, serpente les routes étroites. Régulièrement je dois m’arrêter dans un élargissement, pour laisser passer un véhicule qui vient en sens inverse. Je garde également un œil sur le rétroviseur et lorsqu’une ou plusieurs voitures plus rapides me suivent, je me range un instant de côté, pour les laisser me dépasser. Un coup de clignotant droit le remercie.
Nous remontons vers le nord par la route 13. C’est un axe obligatoire. Comparé à nos routes, il n’est pas très encombré, mais les deux sens sont utilisés par des camions, des voitures privées et de nombreux campings cars. Comme notre roulotte, c’est un moyen idéal pour visiter ce pays. Les photos ci-jointes donnent une idée, mais ne rendent pas à sa juste valeur la grandeur des décors que nous traversons.
Depuis que nous avons quitté le camping de Svindland, jeudi dernier, le temps s’est remis à un bel l’automne, les nuits sont fraîches, (10°C) mais les journées ensoleillées avec des passages nuageux. J’écris cette lettre, le lundi 9 septembre, aujourd’hui, le thermomètre a grimpé jusque 18°C, lorsque le soleil brillait.

Nous remontons toujours vers le nord, ce sera le thème de prochain billet.