19 – 28 – Skånevik, Leikanger, Sogn, Fjaerland

Je n’aurai pas du l’écrire, c’était tenter le diable. J’ai à peine lancé mon dernier billet que le baromètre se met à chuter avec autant d’enthousiasme que les nombreuses cascades d’eau que nous croisons sur nos chemins de montagne. Il pleut des cordes à longueur de journée. De temps à autre les nuages se déchirent et le soleil apparaît et on voit un arc en ciel. Les prévisions météo des différents sites que je consulte sur internet sont tous du même avis. Sur la côte ouest de la Norvège, la pluie va tomber pendant au moins dix jours encore, sans interruption. 

Voir la carte ci-dessus.

Après notre halte au vieux cimetière de Varhaug et une journée sur la route 134, ses chutes d’eau, ses tunnels et ses paysages hallucinants, on trouve un emplacement pour la nuit sur le parking du Norsk Motor Museum de Skånevik, face à un fjord, évidemment.

En fin de soirée, un monsieur se présente pour récolter les 14€ que coûte la nuitée dans son parking. À l’instar du musée Z à Treungen dans le Telemark, ce musée-ci est privé et géré par six amateurs de moteurs. C’est sympathique mais à la différence du musée Z, c’est un peu un capharnaüm. Au départ conçu pour rassembler des vieux moteurs d’origine diverse, bateaux, auto, moto, tracteurs, tout ce qui marche à l’essence au diesel ou la graisse de friteuse, les organisateurs acceptent actuellement n’importe quel objet pour autant qu’il soit ancien. Le gentil monsieur, retraité comme nous, nous offre une visite privée de son hobby. 

Le lendemain soir, sur un parking en hauteur du Søgnefjord, à un endroit appelé Ysta Djupenik, notre arrêt choisi pour la nuit, une Golf grise, plaque d’immatriculation Belge, s’arrête à 20 de nous. En sortent deux jeunes filles. Elle dressent une tente automatique couleur vert pomme, du genre dont les arceaux se tendent lorsqu’on défait les attaches, sur le bout de gazon qui sépare le gravier du parking du précipice qui plonge vers le fjord.

Nous sommes à table lorsque l’une d’elle vient vers nous, mon briquet à gaz est vide nous dit-elle. Je lui prête notre allume gaz pour qu’elles puissent chauffer leur dîner. 

Le lendemain matin, on s’apprête à partir, la deuxième fille vient vers nous, vous ne connaîtriez pas une randonnée en montagne dans le coin, me demande-t-elle.

Je lui indique la route vers le glacier Bauarbreen, une recommandation de notre guide allemand. En me remerciant, elle murmure, faudrait peut-être qu’on s’achète une carte.

De ma vie, je n’ai jamais traversé autant de tunnels que depuis que nous roulons en Norvège. 

Le pays utilise à bon escient le revenu de son gaz et son pétrole pour moderniser et maintenir en bon état son infrastructure routière. Ainsi, les routes de montagnes sont systématiquement remplacées par des tunnels. Souvent long de plusieurs kilomètres, certains comportent en plein milieu, des croisements avec des rotondes. 

Du haut des rochers, les chutes d’eau sont nombreuses, les unes plus spectaculaires que les autres. 

Le guide français, celui qu’il faut lire comme un roman, mentionne comme point d’intérêt, le village de Fjaerland, le Bokbyen, le village du livre. À l’instar de Hay-on-Wye, crée dans le Wales en 1963 par Richard Booth, un libraire d’Oxford, et Redu en Wallonie en 1984, quelques habitants de Fjaerland établissent en 1996 le même concept. Sur quelques centaines de mètres de la rue principale, on peut chiner dans des rayonnages ouverts à tout vent. Une tirelire attend le bon vouloir de l’acheteur. 

À l’office du tourisme et au bout de la route, sur le parking de l’ancien port, où nous passons la nuit, deux grandes librairies sont accessibles en journée. Nous ne quittons pas l’endroit les mains vides.

Fjærland se trouve au bout d’un des bras du Sognfjord. Jusqu’il y a quelques décades, le village ne pouvait être rejoint que par bateau ou en franchissant, l’un ou l’autre des deux glaciers qui aboutissent au fond de la vallée. Aujourd’hui, un tunnel et des routes le rend accessible. 

Nous poussons la porte du musée des glaciers. La guide nous explique ce que nous pouvons attendre de la visite mais nous fournit également un plan en expliquant comment accéder aux pieds de deux glaciers. Plutôt que de regarder les films dans le musée, nous allons voir sur place la glace qui coule de la montagne. Pour ceux qui aiment les chiffres, le Jostedalbreen est le plus grand glacier du continent européen. Il couvre près de 500 km2, long de 60 km, il culmine à 2085m, et il a une épaisseur de 600m.

Sous la pluie, nous poursuivons notre chemin vers Ålesund, ce sera mon prochain billet.

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